S’il y a dans la musique une expression, un sentiment très indépendant de l’attirail scientifique, de l’harmonie et des morceaux d’ensemble ? […] Pourquoi un ignoble et grossier délire serait-il plus agréable au théâtre qu’un sentiment noble et délicat ? […] Si le traité de paix l’avait forcée de se départir de ce juste sentiment de reconnaissance, la liberté qu’on lui rendait la rejetait dans cette obligation. […] Laodice, jeune reine d’Arménie, élevée à la cour de Prusias, partage les sentiments héroïques de Nicomède son amant. […] L’admiration est le plus noble des sentiments que la poésie puisse inspirer aux âmes honnêtes ; c’est le plus honorable pour l’humanité.
Ce sera l’amour du mal pour le mal, sentiment rare sans doute, mais non pas si exceptionnel ni si inexplicable qu’on le suppose. […] À peine sont-ils satisfaits, qu’il ne reste plus dans leur souvenir qu’un immense sentiment d’ennui. […] Son instinct lui suggérait les travaux contre lesquels protestait tout l’effort de ses sentiments. […] Théodore de Banville de n’avoir mis dans ses vers ni une idée, ni un sentiment. — Ni une idée, ni un sentiment ! […] L’étonnement considéré comme une des bases fondamentales du sentiment du beau !
Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire. […] S’il est au bord de la mer, Charles nous parlera sans doute de brise, de vagues et de rochers, il y verra dans ma extase des images et comme des symboles de son amour, il interprétera éloquemment toutes ses sensations au profit du sentiment unique qui l’anime ; mats il ne retracera ni la plage même sur laquelle il est assis, ni la grève qui est en face ; il ne localise jamais : ou bien encore, ce seront des forêts et leurs ombrages, des prairies et des fleurs ; mais nulle part le rocher de Meillerie, nulle part le bosquet de Clarens. […] Une liaison inaperçue, mais invincible, associe dans notre esprit les perceptions de certains lieux, de certains bruits, de certains aspects du ciel, au sentiment qui nous remplit, transporte celui-ci dans celles-là, et, après l’avoir en quelque sorte dispersé au dehors de nous, nous le renvoie par tous nos sens.