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509. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

On est arrivé de la sorte à pénétrer le secret de bien des affaires et le sens intime de bien des personnages, à savoir en détail et presque jour par jour les motifs de son admiration pour Henri IV, pour Richelieu, pour Louis XIV, à dénombrer les ressorts de leur administration, et à suivre tous les mouvements de leur politique à l’étranger. […] Si le temps, ce grand dévorateur, fait disparaître le souvenir de bien des faits, et anéantit avec les témoins les explications véritables, il est aussi, à bien des égards, le grand révélateur ; il fait sortir d’autres soudains témoins de dessous terre, et livre bien des secrets inespérés. […] Mais soyez tranquilles sur le résultat : toutes celles de ces admirations qui sont bien fondées, et si lui-même, lecteur, en son âme secrète, n’est pas devenu, dans l’intervalle, moins digne d’admirer le Beau, toutes ou presque toutes gagneront et s’accroîtront à cette revue sincère : les vraiment belles choses paraissent de plus en plus telles en avançant dans la vie et à proportion qu’on a plus comparé.

510. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il ne vous l’a pas dit, c’est mon secret, et il n’est pas, avec toute sa pénétration, capable de me deviner en entier. […] Comment et par quel secret revirement l’enfant docile et soumis d’hier est-il redevenu subitement l’esprit amer et mâle, le Breton farouche et indompté, l’homme entier et naturel ? […] Le siècle et le prochain payaient les frais de son secret et intime discontentment.

511. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Ce service est avoué par le maréchal qui l’a reçu, et il est connu et apprécié par l’Empereur ; mais seulement quelques généraux, initiés aux secrets des grandes opérations de l’armée, ont entendu parler de ce service et de ceux que vous avez rendus. […] Il n’emportait ni plans à communiquer, ni secrets militaires quelconques ; il n’emportait avec lui que son bon sens, son bon conseil, sa justesse de coup d’œil, sa connaissance précise des hommes et des choses. […] De là l’anxiété de Ney, ses velléités d’aller en avant, de mettre en mouvement le gros de ses forces, et les objections, les résistances de Jomini, qui alla, dit-il, « jusqu’à refuser de signer l’ordre d’un faux mouvement, et jusqu’à rédiger les lettres de manière à devoir être signées par le maréchal lui-même, contre l’usage adopté dans son état-major. » Ce sont là des secrets d’intérieur, et il en est à la guerre comme partout.

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