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225. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Lamoureux a bien présenté ces exécutions de Tristan comme des répétitions générales sans mise en scène. […] Musicalement, c’est l’étroite union du drame actif qui se meut sur la scène et de la symphonie expressive qui se déroule dans l’orchestre. […] Pour un-fragment de scène virilement conduit, on rencontre dix scènes sans cohésion, sans vérité. […] Concert de la Philharmonie : Scène de Lohengrin ; Marche impériale. […] Le drame wagnérien qui mêle musique et texte, chant et mise en scène, demande à être représenté.

226. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Le voyage à travers les steppes, l’arrivée au quartier général, les groupes divers qui s’y dessinent, les provocations belliqueuses de Tarass Boulba qu’ennuie l’inaction et qui veut donner carrière à ses fils, la déposition du kochevoï ou chef supérieur qui ne se prête pas à la guerre, et l’élection d’un nouveau kochevoï plus docile, toutes ces scènes sont retracées avec un talent ferme et franc ; le discours du kochevoï nouvellement élu, lorsqu’il prend brusquement en main l’autorité et qu’il donne ses ordres absolus pour l’entrée en campagne, me paraît, pour le piquant et la réalité, tel que M.  […] Le moment où le vieux Tarass apprend d’un Juif qu’Andry est dans la place et qu’il figure dans les rangs des seigneurs polonais, sa stupéfaction à cette nouvelle, ses questions réitérées, toujours les mêmes, toujours empreintes d’une opiniâtre incrédulité, ce sont là des traits naturels, profonds, et tels qu’on est accoutumé à en admirer dans les scènes de Shakspeare. […] La scène est admirablement posée, et l’auteur a su y trouver des accents d’un pathétique sublime. […] Il y a là, derrière la Pologne catholique, un fanatisme héréditaire dont nous n’avons pas assez idée, et qui pourtant n’éclate que trop encore de nos jours par des scènes dignes du siècle de Tarass. […] La petite histoire intitulée un Ménage d’autrefois, et qui peint la vie monotone et heureuse de deux époux dans la Petite-Russie, est pourtant d’un contraste heureux avec les scènes dures et sauvages de Boulba : rien de plus calme, de plus reposé, de plus uni ; on ne se figure pas d’ordinaire que la Russie renferme de telles idylles à la Philémon et Baucis, de ces existences qui semblent réaliser l’idéal du home anglais et où le feeling respire dans toute sa douceur continue : Charles Lamb aurait pu écrire ce charmant et minutieux récit ; mais vers la fin, lorsque le vieillard a perdu son inséparable compagne, lorsque le voyageur, qui l’a quitté cinq années auparavant, le revoit veuf, infirme, paralytique et presque tombé en enfance, lorsqu’à un certain moment du repas un mets favori de friandise rappelle au pauvre homme la défunte et le fait éclater en sanglots, l’auteur retrouve cette profondeur d’accent dont il a déjà fait preuve dans Boulba, et il y a là des pages que j’aimerais à citer encore, s’il ne fallait se borner dans une analyse, et laisser au lecteur quelque chose à désirer. — En homme, le nom de M. 

227. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Le lieu de la scène est imposant ; c’est l’assemblée générale des animaux. […] Les Lévantins, etc… On verra à la fin pourquoi La Fontaine met le lieu de la scène dans le Levant. […] C’est pour cela qu’il a mis la scène dans le Levant. […] Molière même, pour ne pas se brouiller avec un corps si dangereux, appela précieuses ridicules celles qu’il mit sur la scène ; depuis ce temps le mot précieuse se prit en mauvaise part, et c’est en ce sens que La Fontaine s’en sert dans cette petite historiette, qu’il lui plaît d’appeler une fable. […] Il se met lui-même en scène, car il ne se pique pas d’être plus sage que ses lecteurs ; et voilà un des charmes de sa philosophie.

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