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1873. (1898) La cité antique

Lorsque le poète représentait la plaisante fondation de la ville des Oiseaux, il songeait certainement aux coutumes qui étaient observées dans la fondation des villes des hommes : aussi mettait-il sur la scène un prêtre qui allumait un foyer en invoquant les dieux, un poète qui chantait des hymnes, et un devin qui récitait des oracles. […] Athènes adorait comme un de ses protecteurs Eurysthée, qui était pourtant un Argien ; Euripide nous explique la naissance de ce culte, quand il fait paraître sur la scène Eurysthée prêt de mourir et lui fait dire aux Athéniens : « Ensevelissez-moi dans l’Attique ; je vous serai propice, et dans le sein de la terre je serai pour votre pays un hôte protecteur397. » Toute la tragédie d’Œdipe à Colone repose sur ces croyances : Créon et Thésée, c’est-à-dire Thèbes et Athènes, se disputent le corps d’un homme qui va mourir et devenir un dieu ; Œdipe, d’après la légende, se prononce pour Athènes, il marque lui-même la place où il veut être enterré : « Mort, je ne serai pas, dit-il, un habitant inutile de cette contrée398 ; je vous défendrai contre vos ennemis ; je vous serai un rempart plus fort que des millions de combattants399 ; mon corps, endormi sous la terre, s’abreuvera du sang des guerriers thébains400. » Les morts, quels qu’ils fussent, étaient les gardiens du pays, à la condition qu’on leur offrit un culte.

1874. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Ne comptez donc pas que nous vous laissions entrer chez nous sans nulle résistance, dresser votre théâtre sur la place publique et introduire sur la scène des acteurs doués d’une belle voix qui parleront plus haut que nous ; ni que nous souffrions que vous adressiez la parole en public à nos enfants, à nos femmes, à tout le peuple, et que sur les mêmes objets vous leur débitiez des maximes qui, bien loin d’être les nôtres, leur seront presque toujours entièrement opposées. […] Il se montre plus exigeant que partout ailleurs, parce qu’il a affaire à un poème épique sur la scène, à un poème épique placé sous ses yeux et le touchant de plein contact, et à un poème épique représenté par des hommes vivants, ce qui le rapproche encore et ce qui fait que le poème est comme mêlé au public et le public au poème.

1875. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Il y a même des organes, particulièrement ceux destinés à la propagation de l’espèce, qui ne se montrent sur la scène organique que longtemps après la naissance pour en disparaître ensuite et rentrer de nouveau dans la torpeur pendant la dernière période de la vie de l’individu.

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