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1401. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Et je ne sais pour quelle autre chose je ferais cet effort. » Je ne le suivrai pas dans ses courses à travers l’Europe sous l’Empire. […] Il dut faire quelques sacrifices au ton du jour et entrer plus ou moins en composition avec le libéralisme, bientôt général et dominant : il sut pourtant se soustraire et résister à l’espèce d’oppression morale que cette opinion d’alors, en tant que celle d’un parti, exerçait sur les esprits les plus distingués ; il sut être indépendant, penser en tout et marcher de lui-même. […] Aux sédentaires comme moi (et il y en avait beaucoup alors), il a fait connaître bien des noms, bien des particularités étrangères ; il a donné des désirs de voir et de savoir, et a piqué la curiosité par ses demi-mots. Il a jeté des citations familières de ces poètes divins de l’Italie qu’on est honteux de ne point savoir par cœur ; il avait cette jolie érudition que voulait le prince de Ligne, et qui sait les bons endroits. […] Tel, s’il était sincère, conviendrait qu’il lui a dû des aiguillons ; on profitait de ses épigrammes plus qu’on ne lui en savait gré.

1402. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Savoir et Sagesse, loin de ne faire qu’un, n’ont souvent aucune parenté. Le Savoir habite les têtes remplies des pensées d’autrui ; la Sagesse, un esprit attentif aux siennes… Le Savoir est fier d’avoir tant appris ; la Sagesse est humble de sentir qu’elle n’en sait pas davantage. […] Il se figurait avoir commis un péché, je ne sais lequel, le seul irrémissible, et qui avait rendu son âme déserte du côté de Dieu. […] » Bernardin de Saint-Pierre, chez nous, a fréquemment mêlé aux peintures naturelles de vives images de la vie et de la félicité domestique : mais la poésie en vers était restée en arrière, on ne sait pourquoi. […] C’est tout ce que j’ai voulu dire ici, sans nier qu’avec des différences dont le talent saurait se faire une originalité, nous puissions, par une application heureuse, y réussir à notre tour27.

1403. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Aussi y a-t-il des gens assez injustes pour croire qu’il prodigue sans sentiment et sans distinction les politesses à tout le monde : mais ceux qui le connaissent bien et le suivent de près, savent qu’il sait les nuancer, et qu’un jugement sain et un grand usage du monde président à la distribution qu’il en fait. […] Le roi entra au Parlement : M. d’Argenson et moi, dit le président Hénault, nous nous étions mis à côté l’un de l’autre, fort curieux de savoir si le cardinal aurait fait usage de mon travail, si le garde des sceaux (d’ArmenonvilIe) aurait consenti à adopter un discours qu’il n’avait pas composé ; enfin si M. le premier président (de Mesme) en aurait fait autant. […] Tous les gens du métier savent que le livre intitulé Bolaeana a été écrit par de Losme de Monchesnay ; à la page 3 des Mémoires, ce Monchesnay s’appelle Moncheux. […] On sait que le grand Frédéric, à peine monté sur le trône, voulut voir la France et fit une pointe incognito à Strasbourg, où il fut reçu par le maréchal de Broglie. […] On sait que dans les dernières années de Louis XIV, à l’instant le plus critique de la guerre de la succession (1709), le duc d’Orléans noua en Espagne une intrigue politique restée assez obscure, et qu’un homme de sa confiance, Flotte, fut arrêté porteur de papiers.

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