Ce qui me plaît le plus en chaque être, c’est ce qui dépasse l’instant précis où je le saisis, ce qui me reporte par-delà et en deçà, ce qui m’introduit dans sa vie propre. Le grand art consiste à saisir et à rendre l’esprit des choses, c’est-à-dire ce qui relie l’individu au tout et chaque portion de l’instant à la durée entière. […] Un peintre réaliste, voulant représenter la même scène, nous met la réalité vraie devant la yeux ; il en résulte que ce que nous voyons tout de suite, c’est l’omnibus, c’est l’oie rôtie, et alors, adieu peut-être le touchant ou le pathétique ; l’artiste, n’a pu accentuer tel ou tel côté de la réalité au détriment de l’autre, et nous voilà saisis par les associations d’idées habituelles sans pouvoir nous en dégager. […] Il a reposé sa vue « sur l’immensité des êtres paisiblement soumis à des lois nécessaires », il a mesuré les choses et les êtres plutôt qu’il ne les a peints : il saisit bien la forme, le fond lui échappe ; il embrasse, il ne pénètre pas. […] « Dans l’horreur d’une vision de nuit, lorsque le sommeil endort le plus profondément les hommes, » Je fus saisi de crainte et de tremblement, et la frayeur pénétra jusqu’à mes os.
Doré sait les saisir au passage et les fixer avec autant de mollesse et de grâce qu’il met de vigueur à reproduire ses traits sévères. […] Le grand poète saisit ces chimères et les fixa sur la trame immortelle où elles vivent éternellement. […] Un beau soir de printemps, un frisson le saisit. […] Je fus saisi de pitié en rencontrant ce regard dont j’essaye d’interpréter le langage, et je fis un pas en avant pour aller serrer la main du malheureux. […] Pour lui, toute chose a une âme qu’il faut savoir saisir ; une fois que son âme a été surprise, cette chose n’a plus rien à vous apprendre.
Élégant et facile, il semblait fait pour donner à son sexe d’utiles préceptes et d’agréables délassements, pour saisir quelques sentiments fugitifs du cœur, pour retracer quelques souvenirs d’une société évanouie.