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381. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

IX Pendant que nous vaguions ainsi, à la froide rosée de la nuit, de châlet en châlet, sans qu’une porte voulût s’ouvrir à la voix des guides, les frissons qui sortaient des sapins et des cascades nous saisissaient ; la faim et le sommeil, après une journée de marche, faisaient transir et grelotter les femmes ; une nuit sans foyer, sans toit et sans nourriture, sur une couche d’herbe humide de neige, au sommet de l’Apennin, alarmait ma tendresse pour des santés chères et délicates. […] C’était un visage qui ne charmait pas au premier regard, mais qui saisissait l’œil et qui forçait à y revenir. […] XVII C’est là l’impression qui avait évidemment saisi Léopold Robert, homme des champs lui-même, dans ses haltes fréquentes sous le chêne ou sous le rocher de Sonnino, pendant ses excursions pittoresques avec la sauvage et tendre Thérésina. […] Il mourut sans gloire, quoique né pour la gloire : il se pressa trop de la saisir là où il crut apercevoir son ombre ; le Ciel lui devait peut-être une meilleure occasion, et une meilleure mort. […] Depuis que nous avons admiré les merveilleux portraits saisis à un éclat de soleil par Adam Salomon, le statuaire du sentiment, qui se délasse à peindre, nous ne disons plus c’est un métier ; c’est un art ; c’est mieux qu’un art, c’est un phénomène solaire où l’artiste collabore avec le soleil !

382. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Un grand respect la saisit, un grand prestige la subjugue ; les phrases de l’écrivain font texte, ses opinions font loi, ses rêveries mêmes font miracle pour ses fidèles ; et voilà l’homme prophète. […] XII À l’instant le monde de l’émigration et des cours fut attentif et saisi ; tout le monde lettré se dit : « Écoutons ! […] On conçoit l’étonnement et la juste colère qui saisirent les ministres et le roi à Cagliari quand les ministres et le roi apprirent avec stupeur cette incartade de zèle et cette folie de fidélité dans leur ministre à Pétersbourg. […] Les hommes extraordinaires (Napoléon) ont tous des moments extraordinaires ; il ne s’agit que de savoir les saisir. […] Entrez dans cette triste analyse, examinez de tous les côtés où il est possible de blesser et de punir un homme ; vous verrez que tout est fait déjà, et qu’il n’y a plus moyen de tuer un cadavre et de frapper sur rien… Vous saisissez votre plume massive, et vous m’écrivez comme à un jeune homme qui débuterait dans le monde et qui chercherait une réputation, je pourrais même ajouter : comme à une espèce de mauvais sujet.

383. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Enfin Caïrbar recueille son âme et saisit sa lance. […] Près de moi Toscar tire son épée : l’ennemi vient comme un torrent ; les cris confus de la mort s’élèvent ; le guerrier saisit le guerrier ; le bouclier choque le bouclier ; l’acier mêle ses éclairs aux éclairs de l’acier ; les dards sifflent dans l’air ; les lances résonnent sur les cottes d’armes, et les épées rebondissent sur les boucliers rompus. […] Dans ta colère, tu saisis le soleil et tu le caches dans tes nuages. […] Le roi du monde, assis dans son palais, apprend la défaite de ses guerriers : il lance des regards indignés, et saisit l’épée de son père. […] Il voit le perfide Erath sur le rivage ; il l’atteint, le saisit, l’attache à un chêne ; de robustes liens enchaînent ses membres ; il charge les vents de ses hurlements.

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