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1735. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Nos ouvrages dramatiques et nos bons romans sont pleins de traits de cette espèce ; et les Français ont en ce genre poussé très loin la science du cœur. […] Dès-lors, on ne vit plus, sur la scène tragique, que de fades romans dialogués ; et des auteurs qui semblaient n’avoir pas besoin de cette ressource, le firent entrer dans des sujets où il était absolument étranger.

1736. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

L’auteur qui commence un roman met dans son héros une foule de choses auxquelles il est obligé de renoncer à mesure qu’il avance. […] Une telle définition ne s’appliquerait pas aux instincts que Romanes a appelés « secondaires », et plus d’un instinct « primaire » y échapperait.

1737. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Le bonheur de mon espèce m’est si cher, que je suis toujours tenté de croire aux romans qu’on m’en fait : cela me laisse l’espoir d’un âge où le plus vertueux serait le plus puissant. […] La critique dira de tes ouvrages historiques tout ce qu’elle voudra ; mais elle ne niera point qu’on ne remporte de cette lecture une haine profonde contre tous les méchants qui ont fait et qui font le malheur de l’humanité, soit en l’opprimant, soit en la trompant ; dans tes romans et tes contes, pleins de chaleur, de raison et d’originalité, j’entrevois partout la sage Minerve sous le masque de Momus. […] Mais lorsque l’on cherche la preuve de ces faits dans l’histoire, on trouve que ce sont autant de fictions, et que Saint-Réal s’est amusé à écrire un roman333 : or, l’on ne réfute point un roman ; on désirerait seulement qu’un écrivain ne s’affranchît pas de la vérité au point de défigurer les caractères, de prêter des actions malhonnêtes à un homme de bien et d’imputer des vues insensées à un homme sage. […] S’il est moins dangereux, il est plus lâche de calomnier ceux qui ne sont plus et qui ne peuvent se défendre : plus on met d’art et de vraisemblance dans ses impostures, plus on est criminel ; ce qui m’inclinerait à croire que le roman historique est un mauvais genre : vous trompez l’ignorant, vous dégoûtez l’homme instruit ; vous gâtez l’histoire par la fiction, et la fiction par l’histoire.

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