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464. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Il s’assure sous main des intentions du roi : alors, sans marchander, sans stipuler, sans se défier, il écrit au roi une lettre où il abandonne tout ; il se démet de l’archevêché de Paris. […] De temps à autre, il allait à Rome, pour le service du roi, et montrait dans les négociations, dans les conclaves, que son génie ne s’était pas affaibli. […] Pascal même n’a pas signalé par un mot plus saisissant le danger de poser certaines questions sur l’origine du pouvoir, sur l’accord du droit des rois et du droit des peuples. […] Elle resta à la cour, sur le conseil de ses amis, de son confesseur, pour guider le roi dans l’affaire de son salut. […] On sait comment elle fonda Saint-Cyr, pour élever gratuitement deux cent cinquante demoiselles nobles, à qui le roi assurait ensuite des dots pour se marier ou entrer en religion.

465. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Bernis, homme de société, de conversation aimable, d’un commerce brillant et sûr, et qui semblait borner là son ambition, connaissait déjà Mme de Pompadour ; il était dans sa faveur ainsi que dans celle du roi, et il n’avait pu rien obtenir encore pour sa fortune. […] L’Académie le choisissait comme un sujet et un visage agréable au roi. […] Or, c’est à Venise qu’il fait son apprentissage, au moins pour les dehors, car les affaires y sont à peu près nulles : « Comme cette ambassade, remarque-t-il, est plus de parade que de nécessité, on a cru quelquefois que tout le monde y était propre, et que le premier venu y serait assez bon : en quoi on s’est grandement trompé. » Et il définit à merveille les qualités essentielles pour faire respecter dans un poste de ce genre le représentant du roi. […] Si le roi veut faire respecter sa couronne et sa nation à Venise, il faut qu’il y envoie toujours un homme de bon sens, ce qui suffît, mais un homme d’une âme élevée et de mœurs décentes ; car on n’impose à une nation très libertine, on peut même dire débauchée, que par des mœurs opposées. […] Et les mépris d’un roi pour vos petites rimes         Vous semblent-ils assez vengés ?

466. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

C’est à elle que le bon vieux roi disait un soir en la quittant et en lui baisant plusieurs fois la main, devant son chancelier qui passait pour en être lui même amoureux : « Mon chancelier vous dira le reste. » On citait de sa façon maint couplet, des impromptus de société, des épigrammes, et peu de personnes, nous dit La Harpe, ont mis dans ces sortes de bagatelles une tournure plus piquante. […] Dans une conversation assez vive qu’il eut à ce sujet avec le roi, Mme de Pompadour présente, celle-ci l’interrompit sur quelqu’une de ses assertions, en lui disant : « Vous ne mentez jamais, Monsieur ? » — « Pardonnez-moi, Madame, quelquefois aux femmes », répondit-il ; et il reprit, comme si de rien n’était, sa conversation avec le roi. […] Faute d’un trône, il ambitionnait d’être ministre d’État et le premier conseiller du roi ; son astre politique semblait au zénith à Versailles, vers l’an 1755. Son opposition dans le Parlement lui fit perdre de son ascendant et de sa faveur auprès du roi, et puis il est permis de soupçonner qu’il avait plus de brillant et plus de forme que de fond.

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