En 1787, Malesherbes rentra encore un moment au Conseil du roi, sous le ministère de M. de Brienne ; mais il n’avait point de portefeuille, il y eut peu de crédit, et ne réussit qu’à décider l’émancipation civile des protestants. […] » — « Les choses deviennent plus graves ; je vais à mon poste ; le roi pourrait avoir besoin de moi. » J’ai voulu citer ce mot pour montrer qu’il y eut préméditation ou du moins prévision dans son dévouement. […] Ce n’était cependant pas une raison pour qu’à la rigueur, même après la publication du livre, et nonobstant cette censure préalable, suivie d’approbation, il ne pût y avoir poursuite, soit par arrêt du Conseil du roi, soit par le fait du Parlement. […] Le Conseil du roi se hâta de prendre les devants sur la poursuite du Parlement, par un arrêt du 10 août 1758, qui révoquait les lettres de privilège et supprimait l’ouvrage. […] Pompignan, qui a quelque talent joignait de la sottise, prit de là occasion de rédiger un Mémoire justificatif au Roi (mai 1760), qu’il voulut faire imprimer avec faste en inscrivant le nom du roi en tête et en déclarant à tous : « Le manuscrit de ce Mémoire a été présenté au roi, qui a bien voulu le lire lui-même, et qui a trouvé bon que l’auteur le fît imprimer. » Moyennant cette grosse apostille, Pompignan prétendait être affranchi de la règle commune et pouvoir se passer de censeur.
Que le roi ne craigne rien, son pouvoir en sera plus ferme. […] Milton, pour prouver qu’on peut faire mourir un roi, cite Oreste, les lois de Publicola et la mort de Néron. […] Les évêques et le roi payaient alors onze années de despotisme. […] Quelle vie pour ce pauvre roi ! […] Réponse au Portrait royal, ouvrage attribué au roi, en faveur du roi.
Il fut président du Conseil de la guerre, membre du Conseil de régence, puis du Conseil du roi. « C’était, a dit Saint-Simon à qui je n’emprunte que cette peinture physique, un assez grand homme, brun, bien fait, devenu gros en vieillissant sans en être appesanti, avec une physionomie vive, ouverte, sortante, et véritablement un peu folle, à quoi la contenance et les gestes répondaient. » D’humeur gaie, l’air franc, spirituel et commode à vivre, il n’avait pas de près tout ce qui commande le respect ou ce qui concilie un entier attachement. […] Toutefois, après réflexion, on ne tarda pas à s’apercevoir qu’il n’y avait alors dans la salle de l’Académie d’autres portraits que ceux des deux ministres14 et des deux rois protecteurs de l’Académie, et celui de la reine Christine. […] Nous avons ouvert un théâtre ; la marquise l’a entrepris avec une ardeur digne de ses père et mère18 ; elle s’est chargée de mettre du rouge à deux soldats du régiment du roi qui faisaient Pauline et Stratonice, et bien qu’ils en fussent plus couverts qu’un train de carrosse neuf, elle ne leur en trouvait pas assez. […] d’Angervilliers, ministre de la guerre, m’a été envoyé par le roi, pour me dire que, ne pouvant faire de connétable, il me donne la charge de maréchal général de France, qui me donne le commandement sur tous les maréchaux de France, quand il y en aurait de plus anciens que moi, avec plusieurs autres prérogatives et dix mille écus d’appointements. Je me suis rendu, d’autant plus que le commandement qu’on m’offre est si important, que je ne crois pas pouvoir refuser à mon roi et au roi d’Espagne, tant qu’il me reste une goutte de sang dans les veines, les services qu’ils me demandent.