Sur la fin du triomphe, le roi m’honora d’une conversation sur la paix. […] Une fois pourtant il lui réussit peu de vouloir faire le courtisan trop zélé, et il le confesse ou plutôt il le raconte bonnement : Pendant que j’étais intendant du Hainaut, il arriva qu’un homme d’Avesnes, qui avait été au sacre du roi à Reims se faire toucher par le roi pour les écrouelles qu’il avait bel et bien, cet homme, dis-je, se trouva absolument guéri trois mois après. […] Un jour, le roi lui a parlé pour la première fois ; c’est en mai 1724. […] Sur une question du roi à ceux qui l’entourent, d’Argenson se hasarde à dire son mot, et assez hors de propos, très peu chasseur qu’il était. « Oh ! monsieur, repartit le roi, il y a bien de la différence d’un renard à un loup. » — « Voilà tout ce que Sa Majesté m’a encore jamais dit, ajoute d’Argenson, quoique ma personne en soit bien connue et que je me donne bien de la peine pour son service. » — La seconde parole que le roi lui adresse se fait attendre ; elle est de huit ans plus tard, à un voyage de Fontainebleau (septembre 1732), et presque aussi insignifiante.
Pour cela il l’attaqua par son faible : il lui proposa qu’au moment de la mort du roi, les ducs, — tous ceux qui seraient présents à la Cour, — allassent ensemble, en corps, à la suite du duc d’Orléans et des princes du sang et en se distinguant du reste de la noblesse, saluer le nouveau roi. […] Elles sont cependant les mieux établies, parce qu’elles ont toujours cheminé par la souplesse, l’assiduité, la complaisance, l’utilité aux plaisirs et la dévotion, suivant l’âge de nos rois. […] Il se fit des créatures par le moyen de son crédit ; mais quant à ses propres affaires, il les a toujours plus mal gérées encore que celles du roi, et son zèle en a été la ruine. […] L’on prétend que le roi rougit et marqua de la colère aux propos du maréchal, quoiqu’il parlât bien cependant. […] Pendant que le maréchal de Noailles le battait en brèche auprès du roi, les moqueurs tels que les Maurepas, duc d’Ayen et autres, le ruinaient en Cour par le ridicule.
Les derniers rois «… Après avoir écouté les six rois qui étaient venus passer le carnaval à Venise, Candide remarqua un septième personnage qui soupait à une table voisine et qui faisait assez grande chère. […] Mais seriez-vous d’aventure, comme ces six messieurs, un roi exilé de ses États ? « — Non pas un roi, mais un empereur, répondit le vieillard. […] Au moment où il parlait des deux millions de sa liste civile, les six autres rois détrônés s’étaient approchés de lui d’un air de déférence… » (Candide, appendice au chapitre XXVI.) […] Il y a, tout proche de nous, un roi morose, que ses sujets ne voient jamais, qui ne songe qu’à faire des économies pour organiser des voyages de découvertes, et qui n’aspire qu’au renom de bon géographe.