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966. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

J’avais peur de la scène politique, mais tout passe, la scène politique et les autres, et il me semble qu’on rit et qu’on applaudit. […] Il me dit qu’il lui faut un certain courage pour sortir dans la rue, suivi de ses cinq enfants, qu’on s’étonne, qu’on rit, qu’on les compte tout haut, derrière lui. […] C’est curieux cette tête, à l’ovale ramassé, aux yeux retroussés, aux grosses lèvres, et qui a quelque chose de féminin qu’il doit à sa coiffure ; et à deux mèches de cheveux, lui faisant des espèces d’accroche-cœurs aux tempes : tête tantôt égayée de vrais rires d’enfant, tantôt s’enfermant dans un sérieux, mauvais, perfide.

967. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

va reposer ton vin. » Mais Anne répondit : « Je ne suis point ivre, mon seigneur ; … j’ai parlé dans l’excès de ma douleur, et j’ai répandu mon âme devant l’Eternel226. » L’éclat d’une passion légitime étonne ou scandalise, car il choque les bienséances ; on le blâme ou on l’excuse ; il ne fait pas rire. […] Et, relevant la tête, il se trouva face à face avec un passant qui se mit à rire de cette exclamation. […] [Horace, Epîtres, Livre I, Epître I, v. 7-9 (Paris, Les Belles Lettres, 1995, 9e éd., p. 37) : « Il est une voix qui, fréquemment, fait retentir ces mots à mon oreille épurée : ‘Aie le bon sens de dételer à temps ton cheval qui vieillit, de peur que, au milieu des rires, il ne bronche à la fin et ne fasse haleter ses flancs. » (le poète exprime ainsi son sentiment d’avoir vieilli et de devoir maintenant laisser « les vers et tous les jeux futiles » de la poésie lyrique pour se tourner vers la philosophie morale).]

968. (1881) Le roman expérimental

J’attends qu’on abandonne les recettes connues, les formules lasses de servir, les larmes, les rires faciles. […] Ils pleurent et ils rient avec leurs héros, ils le tutoient, les rendent si réels, qu’on les voit debout, tant qu’ils parlent. […] Aucune exagération pour forcer le rire ; à peine une moquerie qui s’égaie discrètement. […] L’idée que je pouvais être un classique a fait beaucoup rire. […] Certes le rire a du bon, mais encore faut-il rire à propos et pour son compte.

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