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254. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Ont-ils ce ton niais, ce rire sans délicatesse, cette face plate et prosaïque, cette manière de prendre la vie comme une affaire, qui est celle de la bourgeoisie ? […] Il est dans la force des choses que tout ce qui n’a été imposé que par surprise excite le rire, dès que le prestige est détruit. […] L’enfant peut avoir peur de la figure qu’il a barbouillée ; mais, une fois qu’il en a ri, ne se rappellera-t-il pas toujours qu’il a barbouillé ce visage pour se faire peur à lui-même ! […] Telle est ma manière : au village, je vais à la messe ; à la ville, je ris de ceux qui y vont. […] L’athée, c’est l’homme frivole ; les impies, les païens, ce sont les profanes, les égoïstes, ceux qui n’entendent rien aux choses de Dieu ; âmes flétries qui affectent la finesse et rient de ceux qui croient ; âmes basses et terrestres, destinées à jaunir d’égoïsme et à mourir de nullité.

255. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Reste ainsi : l’ombre violette Se joue aux roses plis des hanches ; Ouvre tes grands yeux puérils Où rit l’orgueil de tes chairs blanches. […] Il y a comme un aveu d’impuissance dans le renoncement d’un Sully Prudhomme, L’heure est venue des pâmoisons sans conséquence et, comme dit Corbière, « des petites morts pour rire ». […] Elle rit aux dangers comme on rit dans les fêtes, Devant ployer un jour tout sous sa volonté, Plus grande, ô conquérants, que le bruit que vous faites Et sans elle, il n’est pas d’entière majesté !

256. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Au-dehors, le monde vous rit, et la partie du monde la plus capable de nourrir l’orgueil donne au vôtre ce qui peut le flatter, par les marques de considération que vous recevez à la Cour. […] Son expression prend feu et reluit à chaque pas : J’ai fait un sermon ce matin tout de flammes… — Voyez-vous, je ris déjà dans le cœur sur l’attente de votre arrivée. — Ô Dieu ! […] Mme de Grammont était allée à des eaux avec le comte de Grammont qui s’y trouvait bien et qui, dit-on, y rajeunissait : Versailles, écrit à ce propos Fénelon, ne rajeunit pas de même ; il y faut un visage riant, mais le cœur ne rit guère.

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