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219. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

En récompense de tant d’amitié, de maternité, d’amour et de sacrifices, Rousseau l’abandonne et la flétrit jusqu’à l’ignominie et jusqu’au ridicule, en divulguant à la postérité les faiblesses de sa bienfaitrice. […] Dans une de ces scènes amenée par la résistance du ministre aux ridicules prétentions de Rousseau, M. de Montaigu s’emporte et chasse brusquement Rousseau de sa présence et de son palais. […] L’âge et la sauvagerie de Rousseau pris en flagrant délit de ridicule, il découvrit que la curiosité de madame d’Épinay allait jusqu’à corrompre Thérèse pour avoir communication de la correspondance mystérieuse entre madame d’Houdetot et lui. […] Celui-là refroidirait aujourd’hui le cœur d’un amant, et éteindrait le sophisme même dans le ridicule des conceptions. […] Aussi la fausseté de cette paternité humanitaire du sophiste de vertu éclate-t-elle à toutes les pages de ce ridicule système d’éducation dans un livre que la démence seule peut expliquer.

220. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Il n’y avait pas deux tons à Athènes ; au contraire, les fines mœurs du temps d’Auguste étaient à peu près celles de notre aristocratie, et à côté de cela se trouvait un peuple ridicule. […] Les autres prestiges à un certain jour deviennent ridicules. […] La bourgeoisie d’ailleurs a eu parfois le tort de chercher à revenir aux vieux airs de la noblesse ; à quoi elle n’a nullement réussi, et par là elle s’est rendue ridicule. Car rien de plus ridicule qu’une imitation manquée de la majesté. […] L’origine des jugements sévères que nous en portons est dans la ridicule manière dont la mythologie nous est présentée.

221. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

C’est un entassement de bassesses, d’infamies, de ridicules, de platitudes, de misères de toute sorte, et jamais Macbeth n’a été rassasié d’horreurs comme Daudet, cet esprit si peu fait pour l’horreur, nous en rassasie. […] L’étude qu’il en a faite est superbe, même après celle du de Marsay de Balzac… Quant au Nabab, qu’on a aussi nommé, l’auteur le fait, malgré ses ridicules et ses vices, qui sont les vices et les ridicules de son temps, si bon, si humain, si filial, que, bien loin de se plaindre, le modèle serait peut-être flatté du portrait, et reconnaissant. […] Puis, comme si ce n’était pas assez que cette fin par elles-mêmes de l’Institution et de la Race, le peintre, désespéré et désespérant, d’une Royauté qui meurt, selon lui, de deux ignominies : l’ignominie morale et l’ignominie physique des personnalités royales, n’a placé auprès de cette royauté ni un homme de génie (quoique dans son livre il y en ait un), ni un homme de foi et de dévouement (quoiqu’il y en ait plusieurs), qui ne soient ou inutiles ou ridicules dans leur effort pour la sauver. Il y a bien là une femme, — une femme héroïque, — la femme de Christian II, qui veut souffler dans le cœur de son mari le feu qui lui manque, qui ramasse comme elle peut, à chaque instant du roman, les morceaux de cette marionnette des vices de Paris pour les faire tenir debout et en reconstituer un homme, mais sans y réussir jamais… Elle est la seule qui ne soit pas ridicule dans le roman.

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