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1206. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

De sa cour parlent d’abord, à sa cour reviennent enfin les chercheurs d’aventures : il est là pour leur donner congé, pour leur souhaiter la bienvenue, majestueux, gracieux, inerte. […] Ne lui demandez pas ce que c’est que ces pays d’où l’on ne revient pas, ces ponts tranchants comme l’épée, ces chevaliers qui emmènent les femmes ou les filles, et retiennent tous ceux qui entrent en leurs châteaux, cette loi de ces étranges lieux, que si l’un une fois en sort, tout le monde en sort ; ce sont terres féodales et coutumes singulières ; s’il ne croit pas à leur réalité — comme il se peut faire. — ce sont fictions pures, dont il s’amuse et nous veut amuser. […] Tant qu’il n’a pas rejoint Genièvre, il va pensif, égaré, assoté, Ne sait s’il est ou s’il n’est mie, Ne sait où va, ne sait d’où vient, si sourd, si aveugle, qu’il faut qu’on l’assomme presque pour qu’il revienne à lui et comprenne qu’il y a bataille.

1207. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Et qu’on ne dise pas : « Cela n’est rien, c’est très facile ; ils font cela pour être mieux récompensés au ciel. » Car l’espoir d’un petit surcroît de félicité dans la béatitude absolue (chose d’ailleurs contradictoire) ne saurait provoquer un tel effort ; ou bien, si je ne m’étonne plus du sacrifice, ce qui m’étonnera, ce sera la profondeur et l’intensité du sentiment, amour ou foi, qui le rend facile ; et cela reviendra au même. […] Et quelle trouvaille que « ces tasses de M. l’abbé Combescure » qui reviennent régulièrement dans toutes les circonstances solennelles ! […] Eh bien, c’est lui qui l’a faite ; M. l’abbé Clochard me le dénonça… Pour comble de naïveté, le bon curé écrit, sur un beau cahier bien relié, une Vie de son patron, le pape Célestin : « Vie de saint Célestin, pape, par l’abbé Célestin, curé-desservant de la paroisse des Aires…, membre correspondant de la Société archéologique de Béziers, auteur d’une notice sur l’Ermitage de saint Michel archange. » Et toujours la mention de ce grand ouvrage revient, comme celle des tasses de M. l’abbé Combescure.

1208. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Cette idée y revient sans cesse, que la « création sait le grand secret ». […] Et ainsi je reviens par un détour à la phrase que j’avais eu le chagrin ne laisser inachevée : « Oui, tout ce que j’ai dit est vrai, mais… » Mais, avec tout cela, Victor Hugo est unique, il est dieu. […] Il eut la chance de survivre à l’Empire, de revenir de l’exil et, à partir de ce moment, d’être l’interprète des sentiments et des passions du Paris révolutionnaire.

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