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606. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Je suis décidé à aller, pour qu’il ne reste pas sans sépulture, le chercher et le retrouver sur le champ de bataille, et peut-être Dieu permettra-t-il que je traverse inaperçu le camp endormi de Charlemagne. […] « Cloridan reste confondu que tant de courage, tant d’amour, tant de fidélité, se révèlent dans un enfant. […] La Fontaine, au reste, a la main bien moins légère et bien moins délicate dans Joconde que l’Arioste ; l’un est badin, l’autre est lubrique : c’est qu’Arioste écrivait pour un âge d’innocence, et la Fontaine pour un âge de corruption. […] Il y en avait une montagne, qui occupait plus d’espace que tout le reste ensemble. […] Pour le moment, vous avez, au nom du gouvernement qui vous envoie, et qui en cela reste dans les limites des pouvoirs qui lui ont été confiés, à assurer la liberté et la personne du pape.

607. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Que reste-t-il, en effet, si vous enlevez à la science son but philosophique ? […] Si vous me présentez un système tout fait, que me reste-t-il à faire ? […] Il reste un vaste champ, direz-vous, dans les vérités naturelles que Dieu a livrées à la dispute des hommes. […] Ce n’est pas que de force la théologie aussi n’ait marché comme tout le reste. […] Il ne reste d’autre ressource que d’amener les esprits au même point de vue, afin de leur faire voir les choses par la même face.

608. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Là-dedans, la pensée s’engourdit, le sentiment de la réalité des personnes et des choses s’en va, et l’on reste somnolent, les yeux ouverts, pendant que vos doigts tripotent machinalement toutes les choses de la toilette et du maquillage. […] Mais d’autres naissent, et nous sommes de ceux-là, avec un sentiment insurrectionnel contre ce qui triomphe, avec des entrailles amies et fraternelles pour ce qui est vaincu et écrasé sous la grosse victoire des idées et des sentiments de l’universalité, avec enfin cette généreuse et désastreuse combativité, qui, dès huit ou dix ans, leur fait se donner des coups de poing avec le tyran de leur classe, et tout le reste de leur vie, les confine dans l’opposition de la politique, de la littérature, de l’art. […] Il semble mâcher des restes d’idées, de souvenirs, de mots. […] Ce soir, il nous reste de tout cela une lointaine vision, la réminiscence d’une matinée qu’il nous semble plutôt avoir rêvée que vécue. Et chose étrange, l’horreur du dessous est si bien dissimulée sous les draps blancs, la propreté, l’ordre, la tenue, qu’il nous reste de cette visite — c’est très difficile à donner la note juste — quelque chose de presque voluptueux et de mystérieusement irritant ; il nous reste de ces femmes entrevues sur ces oreillers bleuâtres, et transfigurées par la souffrance et l’immobilité, une image qui chatouille sensuellement l’âme et qui vous attire par ce voilé qui fait peur.

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