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381. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

La science vraiment élevée n’a commencé que le jour où la raison s’est prise au sérieux et s’est dit à elle-même : « Tout me fait défaut ; de moi seule viendra mon salut. » C’est alors qu’on se met résolument à l’œuvre ; c’est alors que tout reprend son prix en vue du résultat final. […] La nature humaine, plus forte au fond que tous les systèmes religieux, sait trouver des secrets pour reprendre sa revanche. […] C’est d’abord Aristote, le dieu de la philosophie du Moyen Âge, qui tombe sous les coups des réformateurs du XVe et du XVIe siècle, avec son grotesque cortège d’Arabes et de commentateurs ; puis c’est Platon, qui, élevé un instant contre son rival, prêché comme l’Évangile, retrouve sa dignité en retombant du rang de prophète à celui d’homme ; puis c’est l’antiquité tout entière qui reprend son sens véritable et sa valeur, d’abord mal comprise dans l’histoire de l’esprit humain ; puis c’est Homère, l’idole de la philologie antique, qui, un beau jour, a disparu de dessus son piédestal de trois mille ans et est allé noyer sa personnalité dans l’océan sans fond de l’humanité ; puis c’est toute l’histoire primitive, acceptée jusque-là avec une grossière littéralité, qui trouve d’ingénieux interprètes, hiérophantes rationalistes qui lèvent le voile des vieux mystères. […] Dans la vie des individus, comme dans celle de l’humanité, il y a des Moyens Âges, des moments où la réflexion se voile, s’obscurcit, et où les instincts reprennent momentanément le dessus.

382. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

La gaîté reprend ses droits avec le duc de Beaufort, le vrai chef des Frondeurs. […] Quand ils se reprennent à vivre et à combattre, leurs écrits trahissent le contre-coup de ce qu’on a énergiquement nommé « la peur rouge ». […] Ces époques tumultueuses sont comme des fonderies où s’élaborent et s’accumulent dans le bruit et la fumée quantité d’ébauches que les époques calmes reprennent, trient avec soin, dégrossissent et achèvent plus tard à loisir. […] Il est toujours curieux de rechercher pourquoi telle littérature provinciale, assoupie durant des siècles, comme celle qui s’exprime en langue d’oc, a repris tout à coup vigueur et faveur.

383. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Philosophie et littérature de l’Inde primitive I Reprenons, après cette digression de cœur, l’entretien littéraire un moment suspendu. […] « J’aurais voulu le guérir à tout prix ; mais je repris le fusil par pitié, et, en détournant la tête, je terminai son agonie du second coup. […] … » XXXIX Ici le dialogue suspendu est repris par le disciple ; il fait une magnifique profession de foi au Dieu unique et suprême, dont tous les autres dieux secondaires, êtres purement symboliques, ne sont que les satellites obéissants. […] Enfin le maître se transfigure entièrement en esprit, et foudroie le disciple anéanti dans sa divinité ; puis il reprend sa forme humaine douce et souriante, et l’instruit des devoirs du culte et de la morale.

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