Lamartine représente pour nous le type lui-même du poète inspiré et, si on voulait faire le portrait du poète, il semble bien qu’on le ferait à sa ressemblance. […] Au temps de sa ferveur royaliste, il représente Napoléon comme un fléau de Dieu ; mais il en parle. […] La jeune fille, chez nous, on la représente toujours d’après un type de convention. […] Il y a deux ou trois ans, il faisait représenter un drame plein de généreux sentiments et de beaux vers, intitulé Pour la couronne. […] Et, par conséquent, un certain nombre de syllabes, qui ne représentent aucune idée mais qui évoquent ou des images ou des sensations, voilà ce que doit être la poésie.
Un air d’empire et d’autorité qui, même sous le masque, le faisait reconnaître entre ses courtisans les mieux faits185 ; un visage qui remplissait la curiosité des peuples 186 ; une majesté qui n’avait rien de farouche ; un abord charmant ; un air grand et auguste qui tout seul annonçait le souverain187; un roi, tel que les poètes nous représentent ces hommes qu’ils ont divinisés188 ; que sa taille, son port, sa beauté et sa grande mine, et jusqu’au son de sa voix, l’adresse et la grâce naturelle et majestueuse de sa personne, faisaient distinguer jusqu’à sa mort comme le roi des abeilles189 ; c’est ainsi que tous les yeux voyaient la personne de Louis XIV. […] Tous les héros du théâtre d’alors sont tels qu’Anne d’Autriche représente son fils, « tendres et raisonnables. » Ceux-là seuls intéresseront toujours l’esprit humain. […] Celles-ci sont à citer pour la bonté et le grand sens : « Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation226, parce que j’ai appréhendé d’être séduit par la manière dont elle avait été représentée ; mais, en vérité, Molière, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, et votre pièce est excellente. » Ainsi jugeait Louis XIV, toujours de sens rassis, jamais sur une première impression. […] Il n’est pas jusqu’au théâtre où Molière représentait ses pièces qu’il ne dût à la libéralité du roi. […] J’ignore quels changements le temps amènera dans la société française ; mais, dût-on voir s’effacer de plus en plus les distinctions qui y séparent, non plus les classes, mais les conditions, l’esprit français, tel que Molière l’a représenté, sera toujours l’esprit type, l’esprit national, parce que tous les rangs s’y reconnaîtront toujours à ces traits généraux qui les distinguent et les unissent.
Elle peut représenter tout à la fois l’intérieur et l’extérieur d’un temple, d’un palais, d’un camp, d’une ville. […] Ainsi que la société qu’elle représente, cette poésie s’use en pivotant sur elle-même. […] En effet, dans la poésie nouvelle, tandis que le sublime représentera l’âme telle qu’elle est, épurée par la morale chrétienne, lui jouera le rôle de la bête humaine. […] D’où il suit qu’après ces abstractions, il restera quelque chose à représenter, l’homme ; après ces tragédies et ces comédies, quelque chose à faire, le drame. […] Les grecs, dont on nous parle tant, les grecs, et à la façon de Scudéry nous invoquons ici le classique Dacier, chapitre VII de sa Poétique, les grecs allaient parfois jusqu’à se faire représenter douze ou seize pièces par jour.