Ce qu’il y a encore, dans Psyché, ce sont des vers absolument délicieux que l’on n’a peut-être pas assez remarqués, que l’on n’a pas assez cités, en tout cas, qui vous sont probablement, pour la plupart d’entre vous, assez inconnus, obscurs au moins dans vos souvenirs. […] Et remarquez que non seulement dans Silvia, qui est le conte dont je viens de vous lire quelque chose, mais dans son autre conte aussi, dans Simone, Musset procède exactement comme La Fontaine : Il veut que son conte soit une conversation, une causerie.
Tout récemment, un jeune écrivain, parlant déjà de l’école naturaliste au passé défini, comme d’un événement des siècles disparus, disait : « Ce fut le défaut des réalistes de goûter une volupté à surprendre les hommes en flagrant délit d’ignominie2. » Ce jeune avait peut-être tort d’employer un passé d’un recul si profond, mais il avait raison en signalant ce défaut littéraire qui n’est autre chose — il n’est pas inutile de le remarquer — qu’un défaut de sympathie véritable pour l’objet qu’on dépeint. […] Remarquez d’ailleurs, qu’en peinture également, toutes nos préférences s’attachent aux peintres de la vie d’intérieur… Une vieille fille qui file près d’une fenêtre, d’où tombe un rayon de soleil ; une porte s’entrouvrant sur une chambre qu’on devine paisible ; la perspective d’une rue calme et déserte, retiennent longtemps notre attention et nous suggèrent mille pensées.
Bornons-nous ici à faire remarquer que l’opération a beau paraître savante, elle est naturelle à l’esprit humain ; nous la pratiquons instinctivement. […] Nous faisions remarquer, il y a plus de trente ans 23, que le temps spatialisé est en réalité une quatrième dimension de l’espace.