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297. (1902) L’humanisme. Figaro

Il considère l’humanisme comme une philosophie, voire une religion qu’il oppose au déisme, alors que c’est avant tout une esthétique, et même essentiellement une poétique. […] Évidemment, dans l’esprit de ces jeunes philosophes, c’est le contraire du déisme ; c’est l’homme substitué à Dieu dans la conduite de la vie ; c’est une religion nouvelle qui rapporte tout à l’humanité, abstraction faite de la divinité, et qui prétend, au moyen de commandements spéciaux, nous enseigner nos devoirs envers cette humanité souveraine. […] On peut détruire les religions, on ne détruit pas le cœur de l’homme ; et il n’y a pas de philosophie qui tienne contre la force des choses. […] Si votre religion n’est pas jeune, vous êtes jeunes vous-mêmes et « la jeunesse est présomptueuse ; elle n’a pas encore été humiliée par la vie ; elle tend ses voiles de toutes parts à l’espérance qui l’enfle et la conduit ! 

298. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

On a beaucoup disserté sur le but de la comédie ; des philosophes du siècle dernier l’ont regardée comme la seule école de la sagesse ; des critiques de nos jours, au contraire, la représentent comme fatale aux mœurs et à la religion. […] La religion était en honneur, car les fripons se couvraient de son masque pour usurper l’estime publique ; Tartuffe nous l’apprend. […] On parle de modération avec orgueil, de sagesse avec arrogance ; on met tout en doute, et l’on ne souffre pas la contradiction ; la religion avait eu des sectateurs cruels ; la tolérance a des apôtres fanatiques. […] Tu n’as signalé qu’un hypocrite de religion ; tu en apercevrais aujourd’hui bien d’autres ; tu pourrais presque faire un Tartuffe pour toutes les vertus !

299. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Elle était alors veuve du chef auguste de la religion, ainsi qu’elle avait été veuve du peuple-roi qui lui-même avait succédé aux peuples agrestes du vieux Latium. […] Les costumes et les règles de ces ordres rappelaient les différents âges de la religion, et, par conséquent, de la société. La religion, qui est éminemment conservatrice, qui ne détruit rien de ce qu’elle a fondé, a pris en vain sous sa protection sacrée ces médailles des temps qui nous ont précédés : nous n’en avons plus voulu ; et la proscription a enveloppé même les ordres militaires qui furent si longtemps, et qui auraient pu être encore, le boulevard des peuples chrétiens ; la prescription a enveloppé aussi ces ordres si dévoués qui allaient racheter les captifs dans les bagnes odieux de Tunis et d’Alger, et ceux qui allaient porter chez les nations barbares les lumières de la foi en même temps que les bienfaits de la civilisation. […] Ils devraient cependant être bien rassurés à présent ; car il ne peut plus être question de rétablir notre vieille religion sociale, mais d’affaiblir la haine qu’on lui porte, et d’établir que ses dogmes nous furent utiles.

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