On n’en peut voir de plus belle, soit qu’on considère la richesse de l’étoffe, soit qu’on regarde l’artifice et la finesse du travail. […] L’ambassadeur se relève après, et délivre la lettre qu’il a pour le roi au capitaine de la porte, qui la met dans les mains du premier ministre, lequel la donne au roi, et le roi la met à son côté droit sans la regarder. […] Le roi ne leur dit point une parole, et ne les regarda seulement pas. […] Le roi le regarda, et tous ces autres Européens, avec une grande envie de rire de leur voir porter si mal l’habit persan. […] On me montrait les choses si fort à la hâte, que je n’avais pas le loisir de les regarder.
Il regardait obliquement, il ricanait sans cesse, il parlait avec une volubilité intarissable. […] Nous les regardions comme les Égyptiens regardaient le Sphinx. […] Il faut regarder en haut pour les voir. […] Le reste flottait, s’étonnait, regardait, pleurait, frémissait comme une masse d’eau indécise entre deux courants. […] regardez nos femmes, nos filles, nos enfants qui sont là avec nous !
Ici l’on a peu à regretter qu’André n’ait pas mené plus loin ses projets ; il n’aurait en rien échappé, malgré toute sa nouveauté de style, au lieu commun d’alentour, et il aurait reproduit, sans trop de variante, le fond de d’Holbach ou de l’Essai sur les Préjugés : « Tout accident naturel dont la cause était inconnue, un ouragan, une inondation, une éruption de volcan, étaient regardés comme une vengeance céleste… « L’homme égaré de la voie, effrayé de quelques phénomènes terribles, se jeta dans toutes les superstitions, le feu, les démons… Ainsi le voyageur, dans les terreurs de la nuit, regarde et voit dans les nuages des centaures, des lions, des dragons, et mille autres formes fantastiques. […] Jadis, enfant chéri, dans la maison d’un père Qui te regardait naître et grandir sous ses yeux, Tu pouvais sans péril, disciple curieux, Sur tout ce qui frappait ton enfance attentive Donner un libre essor à ta langue naïve. […] Tiens, regarde, adieu, pars : ne vois-tu pas le jour ? […] Il est vrai, il est incontestable, et, de manière ou d’autre, il faut que je le démontre. — Alors, plus ils ont d’esprit, de pénétration, de savoir, plus ils sont habiles à se faire illusion, à inventer, à unir, à colorer les sophismes, à tordre et défigurer tous les faits pour en étayer leur échafaudage… Et pour ne citer qu’un exemple et un grand exemple, il est bien clair que, dans tout ce qui regarde la métaphysique et la religion, Pascal n’a jamais suivi une autre méthode. » Cela est beaucoup moins clair pour nous aujourd’hui que pour André, qui ne voyait Pascal que dans l’atmosphère d’alors, et, pour ainsi dire, à travers Condorcet. — Dans les fragments de mémoires manuscrits de Chênedollé, qui avait beaucoup vécu avec des amis de notre poète, je trouve cette note isolée et sans autre explication : « André Chénier était athée avec délices. » 54.