Aussi longtemps qu’ils ont soutenu leurs écrits de leur personne, et comme accablé leurs adversaires du poids de leur vivante autorité, joint à celui de leur éloquence, ils ont suspendu ou fixé le cours du temps, ce qui est le plus grand et le plus rare éloge que l’on puisse faire ensemble de leur génie et de leur vertu. […] Non seulement dans sa nouveauté, mais dans le cours même du xviie siècle, à peine en connaît-on quelques rares éditions ; et c’est une preuve au moins qu’il ne fut pas beaucoup lu. […] Si l’on ne le sait pas, ou qu’on n’en tienne pas compte, on ne s’explique pas que le cartésianisme ait si peu réussi, que les disciples en soient si rares, et, pendant plus de cinquante ans, les conquêtes si modestes. […] Lorsqu’une société tout entière adopte ainsi pour règle ou pour profession des mœurs, une doctrine philosophique ou religieuse, il peut bien ne pas arriver à la littérature de s’en inspirer, mais le cas est rare ; et, ce qui est plus rare, c’est qu’elle choisisse précisément ce temps pour s’inspirer de la doctrine adverse. […] Mais le cas est rare, et lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante : on y doit observer tant de solennités, et apporter tant de précautions, que le peuple en conclut naturellement que les lois sont bien saintes, puisqu’il faut tant de formalités pour les abroger. » Bossuet lui-même n’a pas mieux parlé de « ce quelque chose d’inviolable sans lequel la loi n’est pas tout à fait loi ».
Au Moyen Âge (et je parle des rares époques et des heures riantes, s’il y a eu des heures riantes au Moyen Âge), on ne connaissait pas assez l’Antiquité pour pouvoir se comparer sérieusement à elle et se préférer en s’y opposant.
« Agréez, monsieur, et faites agréer à monsieur votre père l’assurance que je sens aussi vivement que vous la perte d’une tête aussi chère, d’une âme aussi aimante et d’un talent bien rare, car il avait son siège dans le cœur.