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1029. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

« Cette unité morale dont on regrette tant la perte, dit-il, n’a jamais existé que dans ces Utopies et ces Uchronies où nous sommes conviés de temps en temps à nous réfugier comme dans un asile pour y trouver un aliment à notre sentimentalisme et à notre rêverie. » Dans une société un peu complexe et évoluée, il ne peut pas plus y avoir d’unité morale véritable qu’il ne peut y avoir d’orthodoxie réelle, et pour la même raison qui est la diversité des esprits et des âmes. […] Les moyens d’action de l’éducateur sont : la notion inculquée ; l’appel à la raison de l’enfant, l’appel au sentiment ; la formation des habitudes ou dressage des réflexes, l’influence de l’exemple. […] L’appel à la raison a peu d’action sur l’enfant ; voire même sur l’adolescent. […] Durkheim remarque avec raison que cette théorie pédagogique n’a jamais été pratiquée par aucun peuple connu71.

1030. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Dans les premiers temps de l’exercice de sa charge, il avait eu avec ses administrés des difficultés qu’il avait tranchées d’une manière très brutale, mais où il semble que, pour le fond des choses, il avait raison. […] Ne voyant pas quel levain dangereux pour l’empire se cachait dans les spéculations nouvelles, ils n’avaient aucune raison d’employer la violence contre elles. […] Déjà, dans l’affaire des écussons votifs 1150, les Juifs avaient écrit à l’empereur et avaient eu raison. […] Il était naturel que l’historien latin crût que Pilate, en faisant mourir Jésus, avait obéi à des raisons de sûreté publique.

1031. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il a toujours nié qu’il eût aspiré au ministère, et les raisons qu’il en donne sont assez énergiques pour nous frapper, sinon pour nous convaincre. À l’une de ces avances, vraies ou fausses, qui lui furent faites, il répondit « qu’il était très incapable du ministère pour toutes sortes de raisons, et qu’il n’était pas même de la dignité de la reine d’y élever un homme encore tout chaud et tout fumant, pour ainsi parler, de la faction ». […] Et il montre ces idées comme alors très éloignées de lui, « je ne dis pas seulement par la force de la raison à cause des conjonctures, mais je dis même par mon inclination qui me portait avec tant de rapidité et au plaisir et à la gloire… ». […] Ce n’est, monseigneur, ni votre pourpre, ni la splendeur ou les couronnes de votre maison, c’est quelque chose de plus grand, c’est vous-même, c’est votre vertu qui m’a lâché, et ces liens ne peuvent se rompre, qu’on ne perde ou la vie ou la raison.

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