Mais surtout, l’analyse à laquelle nous avions dû procéder faisait ressortir plus nettement les caractères du temps et le rôle qu’il joue dans les calculs du physicien.
En changeant de rôle, il n’eut point à changer d’entourage et d’amis : il donnait ainsi un chef à la révolution consommée. […] Le prince de Carignan, troublé par une si nette réprobation de sa conduite, et sans doute ébranlé par les conseils loyaux de Sylvain de Costa, publia une contre-déclaration aussi ambiguë que son rôle. Il prêta devant la junte révolutionnaire, comme régent, le serment de soutenir la constitution espagnole ; puis, pressé d’échapper à la responsabilité de son double rôle, il se mit à la tête de deux régiments de cavalerie et d’artillerie, et se rendit à Novare dans une intention équivoque et non expliquée. […] Ce rôle du prince de Carignan avait assez d’ambiguïté pour perdre deux hommes en un ! […] Nous le vîmes alors profondément humilié et du rôle qu’il avait joué et de la disgrâce où il se cachait à tous les partis.
Et il va sans dire qu’il faut que l’acteur ait une voix spéciale, qui est la voix du rôle, comme si la cavité de la bouche du masque ne pouvait émettre que ce que dirait le masque, si les muscles de ses lèvres étaient souples. […] Et nous avons dit aussi qu’il faudrait que l’acteur se fît le corps du rôle. […] De par la différence des cerveaux, un enfant de quinze ans, si l’on le choisit intelligent (car on trouve que la majorité des femmes sont ordinaires, le plus grand nombre des jeunes garçons stupides, avec quelques exceptions supérieures), jouera adéquatement son rôle, exemple le jeune Baron dans la troupe de Molière, et toute cette époque du théâtre anglais (et tout le théâtre antique) où l’on n’aurait jamais osé confier un rôle à une femme. […] Avant que nous eussions Gémier, Lugné-Poe savait le rôle et voulait le répéter en tragique.