Rien ne serait plus facile à l’historien et rien ne lui serait plus agréable, avec la biographie idéale d’Hugo écrite dans toutes ses œuvres par lui-même, avec les persécutions de la censure avant et après 1830, avec sa ferme et noble attitude devant Charles X, avec son rôle de protecteur éclairé de la monarchie de Juillet, avec son exil, son martyre pour le droit, sous l’Empire, ses appels à la clémence et sa pitié pour les vaincus depuis 1870, de construire un personnage de Plutarque, une sorte d’Agrippa d’Aubigné mêlé de Marc-Aurèle, stoïque, indomptable, généreux et doux, et ne cessant d’être tout devoir que pour être tout bonté.
On s’aperçoit à l’exposé de leur sort que les facultés brillantes, que les événements remarqués qui distinguent la plupart des hommes qu’on a vus jouer quelque rôle dans l’histoire, ne sont que des accidents ordinaires dans la vie des vrais poètes : leur esprit semble au-dessus de toutes les chances de la destinée, et suffit de plus au travail qui bâtit des monuments immortels, en dépit des cris injurieux, et des coups de la fortune. […] L’auteur de la Pharsale, au contraire, celui de la Henriade, n’ont pas d’autres agents du leur que ces allégories inférieures : la Discorde, la Politique et le Fanatisme jouent les premiers rôles de la ligue ; et le héros n’a, de son côté, que le fantôme de saint Louisz : ce merveilleux moral peut plaire à la philosophie : j’y consens ; mais il est loin d’être admirable, et fort près d’être impoétique.
Dans les Deux Sosies, il y a un prologue fort gracieux, et des vers émus avec grâce dans le rôle d’Alcmène ; les scènes comiques sont vives et bien menées.