Il paraît certain qu’il se donna lui-même la mort à l’âge de quarante-quatre ans, dans un accès de délire ; maison peut douter que son poème soit sorti du milieu des rêves d’une raison habituellement égarée. […] Le théâtre espagnol a souvent l’air d’un rêve fantastique, dont le désordre détruit l’effet, et dont la confusion ne laisse aucune trace. […] La religion indépendante des puritains, leurs extases mystiques, leur ardente piété sans foi positive, leurs interprétations arbitraires de l’Écriture, avaient achevé d’ôter tout frein à son imagination, et lui donnaient quelque chose d’impétueux et d’illimité, comme les rêves du fanatisme.
Quand nous accomplissons machinalement une action habituelle, quand le somnambule joue automatiquement son rêve, l’inconscience peut être absolue ; mais elle tient, cette fois, à ce que la représentation de l’acte est tenue en échec par l’exécution de l’acte lui-même, lequel est si parfaitement semblable à la représentation et s’y insère si exactement qu’aucune conscience ne peut plus déborder. […] Il ne se borne pas à jouer sa vie passée, il se la représente et il la rêve.
Allons plus loin encore dans le sens du rêve : ce sont les lettres qui se distingueront les unes des autres et que je verrai défiler, entrelacées, sur une feuille de papier imaginaire. […] Entre cette vitalité, vague et floue, et la vitalité définie que nous connaissons, il n’y aurait guère plus de différence qu’il n’y en a, dans notre vie psychologique, entre l’état de rêve et l’état de veille.