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442. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il soulevait autour de lui, on ne sait trop pourquoi, les dévouements de femmes ; il s’y prêtait et se laissait faire, répondant par de jolis vers aux agaceries, peu soucieux d’ailleurs de maintenir le jeu égal et prenant ses consolations plus bas, dans le commun. […] Ce que je trouvais encore en elle d’insupportable était la gêne continuelle de ses petits envois, de ses petits cadeaux, de ses petits billets, auxquels il me fallait battre les flancs pour répondre, et toujours nouveaux embarras pour remercier ou pour refuser. […] Rousseau répondait assez exactement à Mme de Verdelin, et la plupart de ses lettres se sont conservées76. […]  » Elle lui répondait (27 avril 1765) : « Vous souffrez et vous vous levez une heure avant le jour pour me renvoyer la lettre de change ! […] C’est ce qui me fait vous dire que vous devez vous soigner et donner à votre vie les commodités qui peuvent la rendre plus douce. » Rousseau répondait à sa confiance, alors, par une confiance en apparence égale78.

443. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Sa personne répondait à son caractère : il était d’un âge déjà mûr, de taille moyenne, d’épaisse corpulence, à figure fine d’expression, quoique un peu lourde de joues. […] Je lui répondais avec une affectueuse liberté : il l’autorisait par son indulgence. […] pouvait-on répondre au publiciste. […] « Il me répondit poliment : — C’est vrai. […] « Il y a une expression de votre lettre, répond M. de Maistre au chevalier Rossi, qui m’inspire à moi les réflexions les plus profondes et les plus tristes.

444. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Quand on lui demandait plus tard où il avait pris cette connaissance approfondie du monde et des diverses passions, il avait le droit de répondre : « Dans mon propre cœur. » Pendant qu’il professait la théologie à Vienne, il fut ordonné prêtre en 1692 ; il s’y essayait dans la chaire ; il y prononça l’Oraison funèbre de Henri de Villars, archevêque du diocèse ; il alla prononcer à Lyon celle de l’archevêque M. de Villeroi, mort en 1693. […] Prendre un texte de l’Écriture et nous l’interpréter moralement selon nos besoins actuels, le déplier et retendre dans tous les sens en nous le traduisant dans un langage qui soit nôtre et qui réponde à tous les points de nos habitudes et de nos cœurs, faire ainsi des tableaux sensibles qui, sans être des portraits, ne soient point des lieux communs vagues, et atteindre à la finesse sans sortir de la généralité et de la noblesse des termes, c’est là en quoi Massillon excelle. […] nous ne sommes que des comédiens. » N’oublions jamais que, dans cette éloquence si copieuse et si redoublée, chacun des auditeurs trouvait, à cause de cette diversité même d’expressions sur chaque point, la nuance de parole qui lui convenait, l’écho qui répondait à son cœur ; que ce qui nous paraît aujourd’hui prévu et monotone parce que notre œil, comme dans une grande allée, dans une longue avenue, court en un instant d’un bout de la page à l’autre, était alors d’un effet croissant et plus sûr par la continuité même, lorsque tout cela, du haut de la chaire, s’amassait, se suspendait avec lenteur, grossissait en se déroulant, et, ainsi qu’on l’a dit de la parole antique, tombait enfin comme des neiges. […] Les grands effets de l’éloquence de Massillon sont connus : le plus célèbre est celui qui signala son sermon Du petit nombre des élus, au moment où, après avoir longuement préparé et travaillé son auditoire, il l’interrogea tout d’un coup et le mit en demeure de répondre, en disant : « Si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de cette assemblée, la plus auguste de l’univers, pour nous juger, pour faire le terrible discernement, etc… » Cette assemblée, la plus auguste de l’univers, était celle de la chapelle de Versailles ; mais ce ne fut point là que Massillon prêcha d’abord ce sermon : ce fut à Paris, dans l’église de Saint-Eustache, où se produisit l’effet imprévu, irrésistible.

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