Mais ces « vertus » ou « pouvoirs » n’ont pas d’existence réelle. […] Il n’a pas vu le mouvant et le flottant, du réel ; il a cru fixer l’insaisissable. […] En 1855 et auparavant, lorsqu’ils collaboraient à l’Éclair et au Paris, le réel n’était pour eux que prétexte à littérature brillantée, à la Janin. […] Il ne voit pas de la vue grossissante du poète, qui amplifie, enlumine le réel. […] Et combien de fois a-t-il confessé, avec son dégoût du réel, son inaptitude aux moindres tâches !

                       … Âme aux songes obscurs, Que le réel étouffe entre ses quatre murs23. […] Ainsi se déroule, toujours parfaite et inanimée, cette couleur qui ne souffre pas de se laisser troubler par la terne effusion du réel. — Les Natures Mortes sont les meilleurs de ces tableaux : en effet le sujet déjà en est abstrait : les objets sont choisis et groupés selon leur importance picturale ; et par cette adaptation préalable du modèle à sa future image, l’arbitraire est atténué. […] Les objets réels ne revêtent leur différence qu’après avoir patiemment ressemblé à tous les autres. […] Elle est lourde et réelle et prise encore dans les choses. […] Aussi le livre est-il un ensemble d’incidents qui viennent tenter le drame, qui l’assiègent, qui le harcèlent légèrement jusqu’à ce qu’il soit devenu réel.

Thiers Napoléon existerait dans toute sa fantasmagorie gigantesque de légende populaire, mais il n’existerait pas historiquement dans toute la grandeur réelle de ses proportions colossales comme administrateur, comme général et comme despote. […] Pourquoi donc ne sentons-nous jamais, ou presque jamais, à cette lecture, la prétendue insuffisance de l’écrivain sous l’insuffisance quelquefois réelle du style ? […] Le commandement étant nécessaire aux peuples comme aux armées, nous ne nions pas que ce génie du commandement, qui fait qu’un homme monte par sa vertu spécifique au sommet de ses semblables, ne fût un titre de supériorité réel dans Napoléon.