Peut-être un œil sagace eût-il su reconnaître dès lors le germe des récits qui devaient lui attribuer une naissance surnaturelle, soit en vertu de cette idée, fort répandue dans l’antiquité, que l’homme hors ligne ne peut être né des relations ordinaires des deux sexes ; soit pour répondre à un chapitre mal entendu d’Isaïe 685, où l’on croyait lire que le Messie naîtrait d’une vierge ; soit enfin par suite de l’idée que le « Souffle de Dieu », déjà érigé en hypostase divine, est un principe de fécondité 686. […] C’est surtout après la mort de Jésus que de tels récits prirent de grands développements ; on peut croire cependant qu’ils circulaient déjà de son vivant, sans rencontrer autre chose qu’une pieuse crédulité et une naïve admiration. […] Le récit de Luc sur le recensement de Quirinius implique un anachronisme.
Les annales criminelles qui lui fournirent ce que les critiques appellent un sujet, dans leur brutalité officielle, n’avaient même pas cette valeur objective intangible, objet de la foi positiviste, puisqu’il put en dérouler la bouleversante suite de récits, de pensées, d’images que l’on sait. […] C’est, en plein ciel, un récit aux couleurs plus persuasives, plus périlleuses que le chant légendaire des sirènes. […] « La Mort de Venise », récit d’ouverture d’Amori et Dolori sacrum, Juven, 1903 ; Le Greco ou le secret de Tolède, Emile Paul, 1911 ; La Camargue, dans Le Jardin de Bérénice, François Perrin, 1891. […] On continue discrètement de suivre ici par le relais de la citation d’Aragon les étapes d’un nouveau statut de l’esprit cheminant dans le surréalisme, et incidemment de reprendre le récit de fondation, avec la découverte de l’écriture automatique. […] Crevel navigue ensuite sur les passages obligés du récit de voyage (L’arrivée, la dénomination de la terre inconnue…) bv.
Ce héros, qui n’était autre qu’Arthur, qu’Ulric lui-même, s’exprimait ainsi dans le prélude du récit de cette passion dernière qui l’allait envahir, mais qui se dérobait encore comme sous un léger rideau de saules, au bord de son beau fleuve normand : « L’avouerai-je pourtant ? […] Arthur se compose d’une première partie toute en mémoires, en lettres et en récit, et d’une seconde partie presque toute en citations, en extraits de lectures, et qui n’est pas la moins intéressante ni la moins originale, tant le malade attendri a su animer, commenter naïvement, mouiller de ses pleurs, reproduire et continuer dans ses accents les pages choisies dont il s’environne. […] L’histoire de Julie, de la femme de chambre, en rappelant à ceux qui l’ont lu le joli et pathétique roman d’Adèle, de Nodier, s’en distingue par cette réalité, cette clairvoyance constante d’observation et de récit, que la passion traverse, mais ne rompt pas. […] Il faudrait transcrire (car sans cela je n’ose assez le louer) le récit d’Arthur, lettre xie , ce départ en automne par un temps triste, sur une route boueuse, ces misères du cantonnier qui casse son caillou du matin au soir, ces jurements et ces coups de fouet du roulier, ce réveil hideux d’une diligence qu’on rencontre, toute cette saleté, ce dégoût, cette nausée du mal dont est saisi l’oisif et le voluptueux, lui-même dévoré dans son cœur.