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456. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Le style en est assurément le côté le plus remarquable, le seul même vraiment remarquable : non pas que la trame m’en paraisse de qualité solide, subsistante et sincèrement louable ; mais il est éclatant, souvent ferme et toujours habile. […] C’est ainsi qu’avec tant de qualités de l’observateur, elle s’est toujours circonscrit, comme à plaisir, ses horizons. […] De tous ses romans, celui (s’il m’en souvient) qui m’a paru offrir les qualités de l’auteur avec le plus d’avantage, est Le Lorgnon. […] Ses bonnes qualités se retrouvent là en nature, à leur source, et quand on la voit, on comprend encore cet éloge que lui accordent unanimement ceux qui l’ont beaucoup vue sous sa première forme de Delphine, « que, connaissant comme elle faisait ses avantages naturels, elle n’en usait ni pour tourmenter les hommes, ni pour accabler les femmes. » Plume en main, elle n’est pas toujours ainsi.

457. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Mme de La Vallière est un de ces sujets et de ces noms qui ont toujours jeunesse et fraîcheur en France : elle représente l’idéal de l’amante avec toutes les qualités de désintéressement, de fidélité, de tendresse unique et délicate, qu’on se plaît à y rassembler ; elle ne représente pas moins en perfection la pénitence touchante et sincère. […] Elle perdit son père de bonne heure ; sa mère, qui s’était remariée, à un homme qui avait une charge à la Cour, la plaça en qualité de fille d’honneur auprès de Madame lorsque cette sœur de Charles II épousa le frère de Louis XIV (1661). […] La beauté de Mlle de La Vallière était d’une nature, d’une qualité tendre et exquise, sur laquelle il n’y a qu’une voix parmi les contemporains. […] Ceux qui ont écrit le récit de sa vie pénitente se sont plu à en citer des exemples singuliers, qui nous toucheraient trop peu aujourd’hui ; mais le principe qui les lui inspirait, et le but dont elle s’approchait par ces moyens, sont à jamais dignes de respect dans tous les temps, et de quelque point de vue qu’on les envisage : « J’espère, je crois et j’aime, disait-elle ; c’est à Dieu à perfectionner ses dons. » — « Espérer et croire, ce sont deux grandes vertus ; mais qui n’a point la charité n’a rien : il est comme une plante stérile que le soleil n’éclaire point. » Cette belle âme, réalisant désormais en elle les qualités de l’amour divin, se considéra jusqu’à la fin comme l’une des dernières devant Dieu : Je ne lui demande pas, disait-elle, de ces grands dons qui ne sont faits que pour les grandes âmes qu’il a mises dans le monde pour l’éclairer, je ne pourrais pas les contenir ; mais je lui demande qu’il incline mon cœur, selon sa parole, à rechercher sa loi, à la méditer nuit et jour.

458. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Une des pièces sérieuses qui me semblent le plus propres à démontrer ses qualités et ses défauts est celle qui a pour titre : Un quart d’heure de dévotion. […] Dupont eut même alors dans les bureaux de l’Institut une petite place qui l’attacha quelque temps en qualité d’aide aux travaux du Dictionnaire. […] Je voudrais que, sans nuire aux autres conditions du genre qu’il s’est créé, il s’accoutumât à toujours soigner rigoureusement le style, seule qualité qui fasse vivre la poésie écrite et lui assure un lendemain quand le son fugitif est envolé. […] Son cœur, continuent de dire ceux qui le connaissent, est affectueux et chaud, doué de riches qualités.

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