II Il y a déjà quelque temps que celle histoire est publiée et elle n’a pas encore eu, je ne dis pas son jour de justice, je veux être modeste pour elle, mais l’heure de retentissement à laquelle, certainement, elle a droit. […] Et, cependant, voici un écrivain qui a plus de talent qu’il n’en faut pour faire du bruit, — voici un écrivain qui publie un livre, grave et pourpensé, qu’il appelle d’un nom, rouge, pour les uns, comme le voile d’écarlate qui fait écumer le taureau ; lumineusement vermeil, pour les autres, comme une banderole de victoire ; et ni ceux qui pensent comme lui ni ceux qui pensent autrement que lui ne semblent disposés à prendre à partie cette Histoire de la Liberté religieuse et à en affronter l’examen !
Eh bien, excepté quelques lettres de cet enragé de vieillir et de mourir qu’on appelle Chateaubriand, et qui est le saule pleureur d’avant sa tombe, excepté plusieurs de ces lettres, dont les meilleures furent publiées dans le Congrès de Vérone, et une ou deux venant d’autres mains, il n’y a rien qu’on puisse citer comme dépassant le niveau épistolaire de tout le monde, et c’est à se demander si c’est vraiment là la plus grande société du monde dans son intimité. […] Nous imputons donc nettement à l’éditeur l’aridité et le sans-intérêt de son livre, et nous lui adressons ce dilemme : — S’il avait mieux que ce qu’il nous donne dans le portefeuille où il a puisé, pourquoi ne l’a-t-il pas donné de préférence, et s’il n’avait pas mieux, pourquoi s’est-il décidé à publier des choses dont la plupart sont si mortelles à la réputation de l’esprit français ?
J’emprunte à la Gazette Nationale de Berlin un fragment d’un article publié il y a près de vingt ans, en réponse au discours de réception de Renan à l’Académie Française. […] C’est pour cela qu’il faut se résigner à cette besogne, servile peut-être mais indispensable, qui consiste à étudier le fait et à publier le résultat de cette enquête.