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795. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Il me raconta toutes les circonstances de ma propre vie, dit Pétrarque dans la lettre où il écrit cet entretien, comme s’il eût été moi-même ; il me conjura de venir à Rome avec lui. […] La distance d’Arquà aux grandes villes y défendait Pétrarque de l’importunité des visiteurs trop attirés par sa renommée ; cette retraite était propre à contempler la vie de loin, sous ses pieds, et à attendre en paix la mort. […] Un volume de Virgile copié tout entier de sa propre main était ouvert devant lui ; il y écrivit en marge quelques lignes inaperçues alors, découvertes depuis à Milan : c’était un souvenir anniversaire de son amour, devenu piété, pour Laure, une note pour son cœur ; puis il pencha son front sur la note et sur le livre, et il s’y endormit du dernier sommeil. […] » J’ai cité avec bonheur cette lettre d’Ugo Foscolo, parce que j’y ai retrouvé mes propres impressions écrites par un grand écrivain qui avait, comme moi, l’idolâtrie des grandes âmes tendres, les plus grandes, car elles sont les plus sensibles. […] Il y a des célébrités pour l’oreille du vulgaire et des célébrités pour les cœurs d’élite ici-bas ; ces dernières sont moins retentissantes, mais elles sont plus chères, plus sacrées, plus consanguines, si l’on peut parler ainsi, à nos propres cœurs.

796. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Or l’historien, dans ses propres phrases à la louange de cet acte, révèle la nature vraie de cet acte à chaque mot. […] Conserver la fidélité des caractères, laisser à chacun son vice et sa vertu propre, c’est la loi de l’histoire comme c’est la loi du drame. […] L’historien approuve ces concessions aux faiblesses humaines dans une page trop significative de ses propres pensées pour ne pas la citer. […] Que de stimulants pour une ambition déjà trop excitée, et qui ne pouvait périr que par ses propres excès ! […] Ce n’était pas un des moindres triomphes de notre Révolution, que de voir ce soldat sorti de son propre sein, sacré par le pape, qui avait quitté tout exprès la capitale du monde chrétien.

797. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Construite par lui tout nouvellement, tout y était neuf et propre de fraîcheur. […] La hideuse description de sa folie, vantée comme un prodige de force poétique par les critiques italiens et même français, est selon nous une plaisanterie déplacée, plus propre à contrister le rire sur les lèvres qu’à le provoquer ; ce qui dégoûte cesse de charmer. […] s’écrie le poète, si tu savais que celui dont ta colère et ta honte te font désirer la mort est ce Roger qui t’est plus cher que ta propre vie, c’est contre ton sein que tu tournerais ce fer que tu fais tomber sur sa tête !  […] Il se résout à mourir de sa propre main dans la forêt ; il desselle Frontin et l’abandonne à lui-même, après l’avoir embrassé comme ayant été si cher à sa Bradamante. […] Léna tantôt souriait par complaisance pour le professeur, tantôt paraissait rêveuse suivre de l’œil sur la mer les fantômes du poète ou d’autres fantômes de son propre cœur.

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