. — Cette fois encore, l’éducation produit un effet sur lequel on ne comptait pas ; le caractère général saisi par l’enfant n’est pas celui que nous voulions lui faire saisir ; nous lui avons enseigné le son, il en a inventé le sens. […] À la fin, j’ai vu qu’il se produisait, sans jamais manquer, en face de la nourriture. […] Tant qu’il n’y eut dans le troupeau que des moutons et des vaches, la combinaison béé-mou-ou suffisait ; mais quand le troupeau renferma des animaux d’une autre espèce, les sons distincts qui les désignaient durent être évités avec un soin particulier, parce qu’ils auraient produit des méprises. — De même encore, il était assez facile d’imiter les cris du coucou et du coq, et les sons coucou, coq pouvaient être employés comme les signes phonétiques de ces deux oiseaux.
Le triste produit du temps, ce sont les Enfances Garin de Monglane, dernier terme de l’extravagance et de la platitude où puisse atteindre la pure chanson de geste, coulée dans le moule traditionnel. […] Sous les yeux et à l’insu de Froissart, derrière le rideau où il prenait tant île plaisir à considérer le magnifique néant de la chevalerie, les petites gens faisaient de bonne besogne, et pour la littérature comme pour la politique, d’utiles essais, d’importants commencements se produisaient. […] Il se produit alors, en effet, une sorte de réveil de l’humanisme.
Le poète ne pouvait donc produire que des œuvres mixtes, d’ordre composite, à peu près comme sont en architecture les édifices de la Renaissance, mi-partis du génie ancien et du génie moderne, au reste n’en ayant peut-être que plus de charme pour les esprits cultivés et subtils, épris, tout à tour ou en même temps, de toutes les modulations de la beauté40. […] C’est peut-être vrai si l’on considère l’effet produit sur certains auditeurs et si l’on fait abstraction de la forme ; mais ici justement la forme est tout, presque tout, et l’on ne saurait baptiser « romantiques » les œuvres de nos classiques qui peuvent prêter à ces remarques ; car ni le degré inférieur du tragique n’équivaut au comique, ni le degré supérieur du comique n’équivaut au tragique. […] Apparemment une situation n’est jamais comique ou tragiques en elle-même, mais bien par l’effet qu’elle produit ; et, si le stratagème de Néron fait souffrir et trembler, comment serait-ce « un moyen de comédie » ?