Là où un œil superficiel serait tenté de voir des contradictions, des incohérences, des déviations et des écarts, il n’y a que suite, connexion, accord ; tout se tient et correspond dans un tel caractère ; faites-le sentir dans votre œuvre : qu’on le devine dès le principe tel qu’il sera en avançant ; qu’on le voie jusqu’au bout tel qu’il s’était annoncé d’abord : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Lefebvre) s’offrait à nous par des rapports tout différents ; avec elle la paix, une paix solide, permanente, était possible ; « mais elle ne l’était qu’à une condition : c’était que, désavouant les principes du Directoire, propagateur et créateur de républiques succursales, nous sortirions des voies où nous avait imprudemment engagés le traité de Campo-Formio. » Pour sortir de cette voie, pour pacifier véritablement l’Autriche, pour la désintéresser et nous rattacher, que fallait-il ? […] En organisant à Campo-Formio et à Lunéville la république cisalpine, la France fit plus que propager ses principes, ses institutions et ses codes ; elle fit une chose qui eut des conséquences incalculables : elle jeta les fondements d’une Italie nouvelle et régénérée. […] En vain le chef de la France eût-il voulu comprimer le développement du principe qu’il avait proclamé, tous ses calculs de prudence et de modération eussent été renversés par le cours irrésistible des choses. […] La nature du génie de Napoléon qui, essentiellement organisateur et unitaire, représentait la Révolution dans son principe d’égalité et de réformes civiles, mais nullement dans son essor de liberté, le porta à se dessaisir d’une arme terrible, celle de la propagande libérale et républicaine ; et dès lors, les peuples, non appelés par lui à secouer le joug, ne sentirent plus que la honte de la défaite et l’aiguillon de la vengeance.
Pendant deux années que dura cette sorte d’inspection, il ne négligea rien pour s’instruire à fond des principes et des formes de l’administration de laquelle il relevait : « J’avais un accès libre dans tous les bureaux où je voulais prendre des renseignements. […] En parcourant tous ces registres, je voyais la progression des idées fausses à mesure qu’elles s’éloignent des bons principes ; je retrouvais la cause des désordres qu’entraînent toujours, dans les opérations administratives, l’instabilité des règles, la variation des décisions, la multiplicité des écritures et l’innovation des formes. […] En même temps qu’il s’instruisait des principes, il était déjà témoin des fautes, témoin éveillé et averti, ce qui est d’un appoint inappréciable pour l’instruction, et le plus parlant des commentaires. […] En toute discussion il avait pour principe de prendre dans les opinions extrêmes en présence ce qui lui paraissait raisonnable pour composer la sienne, et il comptait un peu trop ensuite, pour la faire prévaloir, sur la force et la justesse de ses raisonnements. […] On apprend par le récit détaillé de cette intrigue à mieux connaître les mœurs du gouvernement sous Louis xvi, et cette douceur de civilisation qui suppléait souvent au manque de principes et de doctrines.
J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur. […] Il fait remarquer le rapport constant qui s’est établi entre le déclin et le retour des vrais principes politiques et des principes religieux pendant le cours de la Révolution française ; le Concordat n’est pas maudit. […] Or, la Papauté, en manquant l’à-propos, et en proclamant alors certains principes politiques serviles, s’engageait dans une voie d’où elle ne pourrait plus revenir en aucun temps. Forcé donc d’opter entre la Papauté, qui s’enchaînait à tout jamais à des principes faux, et l’indépendance absolue, il dut réfléchir beaucoup, dit-il, et aujourd’hui il se déclare émancipé. […] Son principe de liberté, qui est tout protestant, l’empêche d’être du christianisme organique, comme l’entend M.