Mais le vieux diable d’abbé, qui s’est fait à lui-même deux préfaces, et qui se sent un peu gêné dans sa soutane quand elle s’accroche par trop au jupon de Manon Lescaut, se débat et n’entend pas être si candide que le prétend son panégyriste, et n’en est pas moins lié par lui, pour notre édification éternelle, à ce pilori de candeur. […] J’ai opposé au prétendu chef-d’œuvre la réalité de cette pauvre œuvre, qui a volé la gloire, cette monnaie de la poche des sots.
C’est de quoi les Kantiens et même leurs adversaires ne paraissent pas s’être aperçus : dans ce prétendu monde phénoménal, fait par la science, tous les rapports qui ne se peuvent traduire en simultanéité, c’est-à-dire en espace, sont scientifiquement inconnaissables. […] Car si, par hasard, les moments de la durée réelle, aperçus par une conscience attentive, se pénétraient au lieu de se juxtaposer, et si ces moments formaient par rapport les uns aux autres une hétérogénéité au sein de laquelle l’idée de détermination nécessaire perdît toute espèce de signification, alors le moi saisi par la conscience serait une cause libre, nous nous connaîtrions absolument nous-mêmes, et d’autre part, précisément parce que cet absolu se mêle sans cesse aux phénomènes et, en s’imprégnant d’eux, les pénètre, ces phénomènes ne seraient pas aussi accessibles qu’on le prétend au raisonnement mathématique.
L’on prétendait que les ravages du scepticisme étaient inquiétants : je ne m’en suis pas aperçu. […] Seillière les réprouve, comme des facéties du « prétendu rationalisme révolutionnaire ». […] … L’on dira que ce prétendu logicien n’est qu’un sophiste malade et qu’il a faussé la philosophie de la nature ? […] La Rochefoucauld ne prétendait pas les corriger ; il prétendait surtout les bien connaître et manœuvrer sans maladresse parmi les hommes imparfaits. […] Il n’a prétendu formuler qu’une « hypothèse d’histoire naturelle ».