Frédéric Soulié encore a trouvé bien des veines (quelconques) du genre actuel, et les a poussées, les a labourées avec ressource et vigueur ; mais chez lui, trop souvent, à travers le mouvement incontestable, où est la finesse ? […] Il a débuté par une crudité systématique ; dans Brulard d’Atar-Gull, il a exprimé le mécompte violent poussé jusqu’à la rage contre l’humanité ; dans Szaffie de la Salamandre, il a rendu l’ironie calculée qui va à tout flétrir. […] Crinet de la Coucaratcha, dans le Juge de Deleytar 55, il a poussé un peu loin la pointe, il a grossoyé et charbonné à plaisir la raillerie ; mais l’entretien certes n’y manque pas.
Ils avaient déjà annoncé qu’ils feraient une seconde saignée à trois heures et demie, et même une troisième dans la nuit, ou dans la journée du lendemain, si la seconde ne débarrassait pas le mal de tête, le roi, dont les questions répétées avaient poussé les médecins à lui faire cette réponse, s’en montrait fort mécontent. […] Il la poussait même plus loin que l’exactitude, et je dirai en passant comment elle nous procura une scène ridicule et plaisante. […] Leur oisiveté ordinaire fit croire à quelques-uns que c’était pour se donner une occupation ; d’autres crurent que Mmes de Narbonne et de Durfort, célèbres ouvrières en intrigues, avaient poussé Mmes Adélaïde et Victoire à cette conduite, dont elles espéraient retirer dans la suite l’intérêt ; et que quant à Mme Sophie, qui était une manière d’automate, aussi nulle pour l’esprit que pour le caractère, elle avait, selon sa coutume, suivi par apathie la volonté et le projet de ses sœurs.
Tous aussitôt poussent des cris d’allégresse, s’embrassent, s’empressent autour de lui et le choisissent pour magistrat ; de toutes parts on danse sous les ormeaux, et la félicité désormais est établie sur la terre Je n’exagère pas. […] Prenez des femmes qui ont faim et des hommes qui ont bu ; mettez-en mille ensemble, laissez-les s’échauffer par leurs cris, par l’attente, par la contagion mutuelle de leur émotion croissante ; au bout de quelques heures, vous n’aurez plus qu’une cohue de fous dangereux ; dès 1789 on le saura et de reste Maintenant, interrogez la psychologie : la plus simple opération mentale, une perception des sens, un souvenir, l’application d’un nom, un jugement ordinaire est le jeu d’une mécanique compliquée, l’œuvre commune et finale437 de plusieurs millions de rouages qui, pareils à ceux d’une horloge, tirent et poussent à l’aveugle, chacun pour soi, chacun entraîné par sa propre force, chacun maintenu dans son office par des compensations et des contrepoids. […] De là pour lui la préoccupation constante et l’idée fixe d’acquérir, d’amasser et de posséder, la rapacité et l’avarice, notamment dans la classe qui, collée à la glèbe, jeûne depuis soixante générations pour nourrir les autres classes, et dont les mains crochues s’étendent incessamment pour saisir ce sol où elles font pousser les fruits ; on la verra à l’œuvre. — En dernier lieu, son organisation mentale plus fine a fait de lui, dès les premiers jours, un être imaginatif en qui les songes pullulants se développent d’eux-mêmes en chimères monstrueuses, pour amplifier au-delà de toute mesure ses craintes, ses espérances et ses désirs.