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1166. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Quand je fus devant les Augustins16, lieu très dangereux, j’en étais encore trop éloigné pour qu’on pût m’entendre et venir à mon secours. […] Je lui avais en effet mis un voile très léger, pour lui donner plus de majesté, et pour qu’elle parût plus décemment devant les dames de la cour ; mais moi, par dépit, je le déchirai, et je fis voir mon Jupiter dans toute sa belle nudité. […] Que Votre Excellence fasse comme lui, et me procure des secours, je serai certain alors de lui offrir un ouvrage digne d’elle ; mais elle ne me donne, pour que j’en vienne à bout, ni argent ni courage.

1167. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Dans un chapitre du Génie du Christianisme, où il compare Virgile et Racine, M. de Chateaubriand a trop bien parlé de l’un et de l’autre, et avec trop de goût, pour que je n’y relève pourtant pas un passage hasardé qui n’irait à rien moins qu’à fausser, selon moi, l’idée qu’on peut se faire de la personne de Virgile : « “Nous avons déjà remarqué, dit M. de Chateaubriand, qu’une des premières causes de la mélancolie de Virgile fut sans doute le sentiment des malheurs qu’il éprouva dans sa jeunesse. […] Il fallait quelque temps pour que cette urbanité qui était au fond de sa nature se dégageât. […] Oui, mais pour que cette perfection soit parfaite, il faut qu’elle soit originale.

1168. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Année 1890 Mercredi 1er janvier 1890 En ce premier jour de l’année, un vieux maladif comme moi, tourne et retourne entre ses mains l’almanach nouveau, songeant que 365 jours, c’est de la vie pour un bien long temps, et interrogeant, tour à tour, chaque mois, pour qu’il lui dise par un signe, par un rien mystérieusement révélateur, si c’est le mois, où il doit mourir. […] Ne trouvez-vous pas quelque chose de joliment superstitieux, dans l’arrangement de cette femme, pour que ces portraits de famille ne puissent pas se voir sortir de chez eux ? […] Eh bien, ça devrait être le contraire dans le mariage, pour que le mariage soit heureux, il faudrait que la femme eût dix ans plus que le mari… et à ce sujet remarquez que le bonheur tranquille de certains ménages d’hommes encore jeunes, qui ont épousé des touffiasses plus vieilles qu’eux, ça tient à ce qu’elles ont dépensé leur vitalité, et qu’elles se trouvent au même degré d’assouvissement et d’éteignement de la chair, que leurs maris.

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