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1163. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Dans le vice même, il distinguait la force de la faiblesse, et, entre Sénécion, vil courtisan sous Néron, et Catilina, monstrueux ennemi de sa patrie, il préférait pourtant le dernier, parce qu’il avait agi…. » Et encore : « Le monde, suivant Vauvenargues, est ce qu’il doit être, c’est-à-dire fertile en obstacles ; car, pour que l’action ait lieu, il faut des difficultés à vaincre, et le mal est ainsi expliqué. […] Tout ce qu’il voit pour la première fois, il le découvre, il le raconte avec la vivacité de la découverte, avec une netteté comme matinale, avec une sorte de naïveté (je demande bien pardon du mot) dans laquelle il se mêle bien assez de finesse pour qu’on ne sache plus comment la définir, avec une ampleur sans effort où l’on oublie bien aisément de trouver du superflu. […] C’est un terrain où l’on n’a qu’à toucher comme à fleur de terre pour que les sources jaillissent à chaque pas, se diversifiant en mille sens avec abondance et limpidité.

1164. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Le vieux duc de Brunswick est trop illustre par son titre d’élève du grand Frédéric pour qu’on puisse donner un autre généralissime à l’armée prussienne ; il est trop suranné néanmoins, et trop discrédité par son invasion malheureuse de la France et par sa retraite de Champagne en 1792, pour inspirer la confiance à l’armée prussienne ; cette armée de 180 000 hommes mollit sous sa main. […] On l’emmène, après avoir jeté un mouchoir sur sa figure, pour que l’armée ne reconnaisse pas l’illustre blessé. […] Est-ce assez pour qu’un aussi grand historien de l’ambition et de la gloire que M. 

1165. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Ma présence parut le réjouir beaucoup : je m’approchai de lui avec respect, je lui baisai les pieds ; et, voyant que j’avais à lui parler de choses importantes, il fit un signe de la main pour qu’on se retirât ; et je lui parlai ainsi : « Très-Saint-Père, depuis le sac de Rome, je n’ai pu ni me confesser, ni recevoir la communion, parce qu’on n’a point voulu m’absoudre. […] Je suis à présent aux pieds de Votre Sainteté, qui est le véritable confesseur, et je la supplie de me pardonner, et de me permettre de me confesser et de communier, pour que je puisse obtenir la grâce de Dieu. […] Pour que j’en puisse jouir encore quelquefois, fais-m’en promptement le modèle ; et à l’instant il me fit apporter toutes les richesses dont il voulait l’orner, et qu’il me fit emporter chez moi. » Le pape le fait surintendant de sa monnaie.

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