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435. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

C’est ainsi que l’artiste appelle tous ceux qui ont largement usé de la jeunesse et qui sont arrivés à l’heure ingrate et fatale où l’illusion n’est plus possible et où l’on se répète tout bas, avec M. de Parny : « C’en est fait, j’ai cessé de plaire !  […] Mais ce n’est pas tout que ce désaccord qui saute aux yeux : il faut aussi qu’il y ait du rapport ; il faut qu’après avoir souri à première vue du contraste et du changement, à la réflexion on reconnaisse et l’on se rende compte ; qu’après s’être écrié : « Ce n’est pas possible !  […] C’est possible.

436. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Sa Majesté ne donnerait pas cette liberté à un autre qu’à vous, mais elle est bien persuadée que vous ne souffrirez pas qu’on en abuse. » Il importait aussi de favoriser la désertion dans les troupes de la garnison de Mons, de faire semer des billets aux environs et, s’il était possible, jusqu’à l’intérieur de la ville, pour assurer aux déserteurs, s’ils voulaient venir à Saint-Ghislain, une prime de cinq écus qu’ils toucheraient argent comptant : « que ceux qui voudraient prendre parti trouveraient emploi, et que ceux qui voudraient retourner dans leur pays auraient des passe-ports pour y aller librement. ». […] Il y avait auprès du duc de Mantoue un chargé d’affaires de Louis XIV, fort sage, fort entendu, l’abbé Morel, un « parfaitement bon esprit » ; pourtant on ne se fia pas à lui d’abord pour traiter et trancher des questions plus militaires que politiques ; Catinat eut ordre d’aller en personne à Mantoue pour forcer la main le plus doucement possible au duc et tirer de lui plus qu’il n’avait été convenu. […] Dans une mission de ce genre, où il fallait des coups de main improvisés et peu corrects, on éprouvait sans doute, à Versailles, l’inconvénient d’avoir pour instrument un homme à scrupules ; mais on avait aussi les avantages d’avoir dans un guerrier ferme un bon esprit, sage, respectant les mœurs et les usages des populations, ménageant les amours-propres, équitable, soigneux d’alléger les charges et de tempérer les rigueurs d’une occupation étrangère, sachant maintenir la discipline dans ses troupes, leur procurer des occupations, des divertissements même, sans licence et sans ennui ; assez habile pour aller, suivi de tous ses officiers, demander à l’évêque de Casal la permission de faire gras en carême, ce qui fut fort goûté des habitants, mais résistant d’autre part à toute ingérence ultramontaine au sein de sa garnison, et disant : « Je veux rester autant qu’il est possible dans nos mœurs. » J’en ai dit assez pour montrer déjà la réunion de qualités précieuses et rares qui firent de Catinat le plus admirable officier de guerre, si elles n’en devaient pas faire précisément un grand général.

437. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Nous voilà donc, embrassant par l’esprit et par l’étude, toute la série des âges qui ont précédé, nous faisant miroir le plus étendu et le plus varié qu’il est possible, reproduisant chaque chose à sa manière et à la nôtre ; une époque alexandrine et trajane au complet ; une espèce de musée de Versailles où tout a place, depuis les groupes mythologiques d’Apollon et de Latone jusqu’au bon maréchal de Champagne et à Boucicault ; une renaissance, encore un coup, par tous les points et sur tous les bords. […] J’aimerais assez, si c’était possible, qu’on fît pour l’étude de l’histoire ce que Descartes a tenté de faire pour l’étude de soi-même, table rase de ses opinions antérieures. […] Des hommes distingués, considérables, sont là qui l’écoutent bouche close, sans qu’il leur soit possible de glisser un mot.

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