Toute notre poétique légende ainsi, qui eut, dirons-nous son ressassement énorme et génial et son terme en l’œuvre de qui a été énormément ainsi qu’un sonore possédé d’atavismes d’images dont le sens latent et épars ne parvient pas à lui-même : Hugo ! […] Or, l’entière suggestion dont nous parlons, et qui pour les persuasions ou les saillies en vertige de l’Idée, tient au sens idéographique des mots mais en même temps à leur phonétisme, ne peut naître que si la langue est traitée en son origine phonétique retrouvée et arrivant à une Musique des mots : matière, d’identique qualité, de la pensée qui agit et possède. […] On crie, on se plaint sans chanter, mais on chante en imitant des cris et des plaintes. » — Il parle aussi, quelque part, du « lien puissant et secret des passions avec les sons », — et très originalement va à émettre que tout peuple a la musique de sa langue et que d’aucuns ne peuvent avoir de musique, parce que leur langue ne possède pas d’éléments musicaux. […] Il détermine donc, de sa seule longueur numérique, un premier rythme, — général et identique à lui-même, qui nous donne une « unité de temps »… Traditionnel ou Romantique, le vers dont usa la poétique, seulement de divisions à temps égaux marquées par le retour régulier de l’accent-tonique, seulement de quantités numériques de pieds et en dehors de toute attention aux valeurs quantitatives et qualitatives des sons, scinda la mesure générale en éléments équidistants : d’où l’on pensa posséder le Rythme.
Hugo possède les variétés de la grandeur et les étale magnifiquement partout. […] Les personnages y sont des héros ou des monstres : de Javert le « mouchard marmoréen » à Gauvain, le général de trente ans qui possède « une encolure d’hercule, l’œil sérieux d’un prophète et le rire d’un enfant… » Fantine, Mme Thénardier « la mijaurée sous l’ogresse » sont au-delà des deux frontières extrêmes de l’humanité, de même que les guerriers de la Légende des Siècles sont plus grands que des statues. […] Hugo dût s’abandonner à cette tendance anthithétique que les mots eux-mêmes et les mots seuls possèdent, paraîtra naturel à qui aura suivi nos explications. […] Qu’un héros n’est souvent ni beau, ni jeune ni même brave ; qu’une jeune fille peut être laide, sensuelle et hardie et tous deux par-dessous cela posséder une cervelle compliquée et retorse les mots ne nous le disent pas et l’analyse seule nous l’apprend.
Anonyme S’il manque de souplesse et de couleur, il possède, par contre, de réelles qualités d’énergie.