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581. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

A elles deux, elles pourront résoudre par une méthode plus sûre, plus rapprochée de l’expérience, les grands problèmes que la philosophie pose.

582. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Imaginez, si vous le pouvez sans épouvante, un homme au sortir du seizième siècle, après tant d’esprits qui viennent de recueillir toutes les traditions de l’esprit humain, et dont les plus hardis n’ont pensé qu’à la suite des deux antiquités ; un homme qui se sépare de toutes ces traditions, des deux antiquités, du présent, de l’humanité tout entière, regardant comme provisoires toutes les notions qui ont fait la croyance des temps écoulés jusqu’à lui, n’en voulant croire aucune définitivement qu’après l’avoir reconnue vraie par une opération de son libre jugement ; un homme qui, sans autre contrôle ni témoignage que sa raison, soutenu par le seul amour de la vérité dans ce laborieux affranchissement de sa pensée, se pose hardiment le triple problème de Dieu, de l’homme et des rapports qui lient l’homme à Dieu, du monde extérieur et de ses rapports avec l’homme ! […] Mais cette vue sublime n’était que la conséquence du principe que Descartes avait posé. […] Descartes a donné le premier modèle de la langue de la prose, mais il ne lui a pas posé de limites.

583. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Ceci posé, une autre question se présente. […] C’est dans le rapport même qui existe entre notre volition et le mouvement subséquent, ou du moins entre notre volition et les sensations subséquentes, que réside le germe de l’idée de cause ; rien de plus naturel, par suite, que de voir le problème de la causalité se poser au commencement sous la forme rudimentaire et pratique : Que causer ? […] Que la même série de faits se reproduise un grand nombre de fois, le souvenir aidant, la solution du problème deviendra de plus en plus facile et familière ; au tâtonnement fortuit succédera l’effort éclairé par la réflexion, le mouvement volontaire, principalement le tact ; et ce processus instinctif aboutira à la forme primitive de tout raisonnement : « J’ai déjà éprouvé cette même sensation (par exemple la faim), je me suis soulagé par tel mouvement (manger) ; donc c’est le même mouvement qu’il faut faire. » Ainsi les problèmes de la pensée naissent de l’appétition, où se pose en fait, d’une manière concrète et active, la question de la causalité, et ils trouvent leur solution dans la classification des différences et ressemblances, qui subordonne toutes choses à la notion d’identité.

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