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290. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Rousseau n’est peut-être pas le pire, il est certainement le plus illustre de ces utopistes dont j’ai esquissé le portrait. Le portrait lui-même est fait d’après lui ; tour d’esprit et méthode, caractère et conduite, chaque trait essentiel se reconnaît dans ses ouvrages et dans sa vie. […] Quel portrait attendre de celui qui va se peindre avec le parti pris de se distinguer de tout le monde ? […] Les illusions envenimées de Rousseau sur les contemporains de son âge mûr, rendent fort suspects les portraits des contemporains de sa jeunesse. […] Si Rousseau a ressemblé aux vilains côtés de son portrait, il n’a pas pu ressembler aux plus beaux.

291. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

L’Empereur lui disait : — Moi qui aimerais tant lire… Je n’ai pas le temps… Je suis accablé sous le faix des affaires, sous le poids des papiers… Devinez cependant ce que j’ai lu aujourd’hui… C’est ce volume qui était là, je ne sais comment, et qui m’est tombé sous la main : Madame de Pompadour, par… par… Mais comme c’est singulier, elle est fort laide dans le portrait qui est en tête de l’ouvrage… Est-ce qu’il y a un portrait d’elle ? […] — Où est-il donc, ce portrait ? […] C’est le grand moment de la causerie, la digestion du peu qu’elle a mangé, semble faire jaillir de la princesse, une expansion vivace de récits, de souvenirs, de portraits des gens à l’emporte-pièce, des débâcles de phrases à la Saint-Simon. […] Et il continue dans ce style, dans ce style, le portrait du mortel courageux allant à son travail, etc., etc., et le revêt de l’immortalité, que lui décernent les déesses, à la dernière ligne et au dernier mot de sa péroraison. […] … des portraits !

292. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Aussi bien appelle-t-il ses Études, et cela presque dès les débuts, des Portraits : Portraits contemporains, Portraits littéraires, Portraits de femmes, Derniers portraits… Tant que les modèles de ces Portraits furent des écrivains qu’il a connus, cette analyse des différences entre l’œuvre et l’ouvrier lui était relativement aisée. […] Louis Bertrand, à un genre, d’une mode assez récente, que l’on pourrait appeler « le portrait héroïsé ». […] André Bellessort de nous avoir donné à son tour un portrait si exact, si intelligent et si vivant de ce grand portraitiste. […] Quand Renan termine son portrait de Néron, « ce pauvre jeune homme », par cette phrase : « Applaudissons. […] En traçant de lui ce portrait héroïsé, il a voulu nous aider à prendre une conscience plus claire de la mission de notre patrie, — et ainsi servir.

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