Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. […] La première de ces difficultés eût dû suffire pour exciter les recherches des Scaliger, des Patrizio, des Castelvetro, et pour engager tous les maîtres de l’art poétique à chercher la raison de cette différence… Cette raison ne peut se trouver que dans l’origine de la poésie (v. le livre précédent), et conséquemment dans la découverte des caractères poétiques, qui font toute l’essence de la poésie. […] De là deux lois éternelles en poésie : d’après la première, le sublime poétique doit toujours avoir quelque chose de populaire ; en vertu de la seconde, les peuples qui se firent d’abord eux-mêmes les caractères héroïques, ne peuvent observer leurs contemporains civilisés [et par conséquent si différents], sans leur transporter les idées qu’ils empruntent à ces caractères si renommés.
Préface Je ne sache, pour mon compte, aucun livre où l’on ait défini nettement et de manière à satisfaire les esprits difficiles, cette chose mystérieuse et puissante qu’on a si souvent l’occasion de nommer : — la Poésie. […] Tout le monde enfin a parlé de poésie, personne n’a dit scientifiquement ce que c’était… La notion complète n’en a pas été déterminée. […] Mais qu’on m’entende bien, une poétique n’est un traité de la poésie qu’en littérature. Or la poésie n’est pas seulement que dans l’expression littéraire.
Plus de repos, de diversion, de fantaisie et la poésie même rentrera dans le rang. […] Certes ; mais en rompant avec la poésie qui est la règle d’or du théâtre depuis les Grecs : je préciserai plus loin ce que j’entends par la poésie au théâtre. […] Le style qui est, en somme, la poésie propre au théâtre (vous savez comment je l’entends) s’est réfugié dans la poésie pure ; et la poésie pure de ce temps, la poésie dite symboliste, est bien la plus fermée, hormis quelques exceptions, qu’aucun temps ait jamais produite. […] Telle est pour lui la poésie. […] Mais quelle poésie !