Mais le relativisme historique nous permet d’admirer artistiquement ces vieux poèmes, sans considérer ces naïves images des mœurs d’une époque comme des modèles de bonne conduite, de bienséances et de raisonnement pour les siècles futurs. […] Même si l’unité de composition de ces poèmes homériques était admise — et elle se heurte à des objections dirimantes — l’auteur unique ne s’en distinguerait pas moins, par l’inspiration et l’atmosphère morale, de ses émules des âges classiques. […] Ce sont de petits poèmes en prose, très imaginatifs et évocateurs. […] Il découvre que le poème devra atteindre au symbole et à l’universalité : Goethe ne l’avait pas attendu pour s’orienter dans cette direction. […] Théophile Gautier loua ce « poème épique ».
Le Boireau de lettres qui résumait ainsi son opinion sur l’œuvre nouvelle de l’écrivain des Morticoles avait touché juste, car, bien qu’un crime d’exception, l’inceste n’est malheureusement pas seulement un prétexte à tragédies antiques ou à poèmes wagnériens. […] Jean Aicard de nous dire, avec son éloquence, le beau et charmant poème de la naissance, de la vie et de la mort du Christ. […] Jésus est un livre où puiseront tous ceux qui aiment à lire et à dire de beaux vers et de courts poèmes. […] Qu’il me suffise de dire que ces poèmes, écrits par Marguerite de Navarre après la mort de son frère, sont empreints d’une pénétrante mélancolie et que, malgré la diversité des sujets traités, on y sent toujours la tristesse d’une âme qui, même lorsqu’elle sourit, ne quitte pas son deuil. […] Il entasse raisonnements psychologiques sur rêvasseries incohérentes, parle de l’Au-delà à l’infortunée, et se met à lui raconter le poème et la musique de Tristan et Yseult !
Sur le caractère et les œuvres de Béranger I Nous avons laissé Béranger jeune, pauvre, cherchant son talent en lui-même, et cherchant sa voie dans le monde, indécis comme tout homme l’est à cet âge sur ses propres opinions, rêvant un poème épique national et monarchique, attendri sur les destinées tragiques des Bourbons, célébrant le rétablissement du culte d’État dans sa patrie, applaudissant à l’inauguration providentielle d’une dynastie militaire sur un trône recrépi de gloire et de force ; en un mot nous avons laissé ce jeune homme faisant tout ce que M. de Fontanes, M. de Chateaubriand, M. de Bonald auraient pu faire pour la restauration poétique du passé : disons mieux, nous l’avons laissé ne sachant pas ce qu’il faisait, écolier du hasard ébauchant les thèmes de l’inexpérience et de l’imagination. […] C’était lui qui était son poème ; il le revoyait, il le retouchait, il le raturait tous les jours, et il avait fini par en faire ce chef-d’œuvre de génie, de bonté, de raison que nous avons connu. […] Nous sommes tous un poème ou une chanson : il ne faut que savoir y lire !