On saura plus tard que l’auteur des Rougon-Macquart a pu écrire pendant trente ans, et que sa pensée est restée méconnue de ses contemporains. […] Il s’était pris d’amitié, de bonne heure, avec Cézanne, qui devait devenir plus tard l’émule de Monet, dans le grand effort de l’école impressionniste. […] Et j’imagine que Sophocle enfant, polissonnant avec les petits gamins d’Athènes, ne s’amusait pas autrement dans les joyeux faubourgs, que le jeune Zola, trois mille ans plus tard, qui bondit, sur les rives escarpées de l’Arc, ou qui escalade les pentes rougies du Tholonet, tandis que les lointaines montagnes, au couchant sacré, scintillent et ondulent dans des vapeurs violettes. […] Oui, plus tard, il a pu méditer les philosophes dans la salle austère et sombre des Méjanes sans que jamais ces graves lectures aient pu le dessécher. […] Et depuis, on l’a vu riche et illustre par son labeur, président de la Société des gens de Lettres, représentant notre esprit national à Londres et à Rome ; plus tard on l’a vu même assis au banc de la cour d’assises, mais jamais on ne le vit renoncer à ses rêves, toujours plus grand, toujours plus farouche, tandis que sa gloire augmente et grandit, d’heure en heure.
« Il n’est pas sorti de son abattement par une violente secousse : c’est un esprit trop analytique, trop réfléchi, trop habitué à user ses impressions en les commentant, à se dédaigner lui-même en s’examinant beaucoup ; il n’a rien en lui pour être épris éperdument et pousser sa passion avec emportement et audace ; plus tard peut-être… Aujourd’hui il cherche, il attend et se défie. […] Et plus tard, quand la vie, en proie à la tempête, Ou stagnante d’ennui, n’a plus loisir ni fête, Si pourtant nous sentons, aux choses d’alentour, À la gaîté d’autrui, qu’est revenu ce jour, Par degrés attendris jusqu’au fond de notre âme, De nos beaux ans brisés nous renouons la trame, Et nous nous rappelons nos dimanches d’alors, Et notre blonde enfance, et ces riants trésors. […] « Même lorsqu’il arrivera, plus tard, à toute la grandeur de sa manière, il excellera surtout à peindre de grands paysages reposés. […] « Ayant renoncé, non pas de cœur, à son pays de Mantoue, Virgile, comblé des faveurs d’Auguste, passa les années suivantes et le reste de sa vie, tantôt à Rome, plus souvent à Naples et dans la Campanie Heureuse, occupé à la composition des Géorgiques, et, plus tard, de l’Énéide ; délicat de santé, ayant besoin de recueillement pour ses longs travaux ; peu homme du monde, mais homme de solitude, d’intimité, d’amitié, de tendresse ; cultivant le loisir obscur et enchanté, au sein duquel il se consumait sans cesse à perfectionner et à accomplir ses œuvres de gloire, à édifier son temple de marbre, comme il l’a dit allégoriquement. […] On a supposé que ce morceau du IIIe livre des Géorgiques y avait été inséré après coup par le poète, et lorsque déjà il s’occupait de l’Énéide ; il y a des détails qui semblent en effet avoir été ajoutés un peu plus tard ; mais le cadre premier existait, je le crois, et le sens général, selon l’opinion de Heine, est plutôt prophétique qu’historique.
En 1292, au moment où Dante achève sa Vita nuova, il a déjà conçu un grand poème à la gloire de Béatrice ; il ne l’écrira que quelque vingt ans plus tard, et certes la Divina Commedia est bien différente de cette première idée de 1292 ; elle s’est enrichie d’expériences et de science ; mais enfin, la première intuition, quoique non exprimée, est certaine et nécessaire. […] Un temps restreint implique un espace restreint ; les premiers théoriciens de la Renaissance exigeaient une unité de lieu relative (divers endroits d’une même ville), plus tard seulement on exigea toujours le même lieu ; cette sévérité grandissante et certainement exagérée peut s’expliquer par le pédantisme, mais aussi par les avantages pratiques qui en résultent. […] La nation, disais-je p. 202, est « d’abord un but, ensuite une réalité, et plus tard un point de départ ». […] Cette Éducation est une œuvre de jeunesse qui n’a rien de commun avec l’ouvrage publié plus tard sous le même titre ; elle vient de paraître, dans l’édition Conard, parmi les Œuvres de jeunesse inédites . […] Ibsen fournirait aussi une confirmation aux idées que j’ai développées sur l’évolution des genres ; je garde cet exemple, et bien d’autres encore, pour répondre, plus tard, aux sceptiques.