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637. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Apparu dans ce milieu, l’homme tel que l’adaptation au milieu cosmique et l’évolution purement physiologique l’ont modelé, doit s’adapter à ce nouveau milieu5… » Graduellement, grâce à cette nouvelle adaptation historico-sociale, la rigidité organique primitive a cédé la place à une plasticité croissante. […] Cela est parfaitement logique du point de vue où se place ce penseur ; mais non moins logique est l’attitude du pragmatiste égotiste qui adopte la maxime des sophistes et de Stirner : « Ne t’en laisse pas imposer » et qui répète avec eux : « L’homme, l’individu, est la mesure de toutes choses. » L’attitude des uns et des autres est justifiée dans la mesure où elle leur « réussit ». […] C’est pourquoi à côté de l’individualisme stirnérien, absolu, purement négatif et destructif, égalitaire au fond, puisqu’il supprime toute hiérarchie des valeurs intellectuelles, il y a place dans l’histoire des idées, pour un individualisme plus large, plus compréhensif, plus raffiné, plus compliqué intellectuellement et sentimentalement, un individualisme que nous appellerons l’individualisme aristocratique. […] Parmi les actes de foi qui ont tenu une grande place dans l’histoire des idées au cours du xixe  siècle, il faut signaler l’acte de foi dans la bonté de la nature humaine. […] L’individualisme stirnérien ne fait aucune place aux considérations sociales.

638. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Pas plus que les autres grands hommes, ces fils des circonstances, comme a dit d’eux tous Napoléon, Richelieu n’a choisi sa place dans l’histoire ; il l’a subie. […] Il n’y a pas de place dans sa fine et spirituelle tête de couleuvre pour cette chose large, opaque, carrée, qui s’appelle la métaphysique. […] Michelet ne doit pas manquer de générosité courageuse, quand il est de sens rassis, et il n’aura pas peur de se relever dans l’estime des hommes, car, lorsqu’on s’y relève, on monte toujours plus haut que la place d’où l’on était tombé ! […] Michelet, pour cet hagiographe de la Révolution française, les saintes de la Révolution ne sont pas toutes à la même place dans le ciel, et les très grandes saintes, comme sainte Olympe de Gouges, sainte Rose Lacombe, sainte Théroigne de Méricourt, sainte Roland, sainte Duplay, y sont bien au-dessus, par exemple, de sainte Condorcet et de sainte de Staël. […] Troublé comme tous les philosophes qui ont altéré ou ruiné la grande notion de la famille chrétienne, il ne sait plus que faire de la femme qu’il a tirée de la fonction sublime entre le père et l’enfant, pour la voir sur la place publique et, que sais-je ?

639. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Selon l’usage de l’Empire, où les lettres se coordonnaient volontiers aux affaires, il occupait dans l’administration bienveillante de Français de Nantes une place assez considérable au Havre, une de ces places, il est vrai, données tout exprès pour très-peu assujettir ; il passait une bonne partie de sa vie à Rouen ou à Paris. […] Sa Marie Stuart, qui parut d’abord un commencement, était à certains égards une fin ; c’était la fin et le romantisme modéré le plus avancé, le plus extrême de cette honorable reprise dramatique qui s’ouvre par Agamemnon, qui se continue par les Templiers, dans laquelle Ducis, venu un peu plus tard, eût trouvé sa place. […] Quant à moi, devenu plus sage Et dans mes désirs satisfait, Peu redoutable au voisinage, Je ne demande à ce village De lot que celui qu’il m’a fait ; Content si, m’assurant la vue De la rivière et du coteau, J’y puis seulement, sur la rue, Joindre la place étroite et nue Que borne, en fleurs, le vieux sureau. […] Depuis son succès de 1820, sa place y semblait marquée avec certitude ; seulement son poëme sur la Mort de Napoléon l’avait fort retardé.

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