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717. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Est-il assez hué, bafoué, vexé, écrasé et foulé aux pieds ? […] Et, lorsque nous voyons le gentilhomme réduit à s’humilier devant ce pied plat pour sauver la femme qu’il a compromise et lui demander grâce d’une voix suppliante, il nous semble qu’une telle pénitence rachète tous ses torts, et que madame de Presles est bien cruelle de lui refuser son pardon. […] … Vite, Roussel envoie à M. de Trélan les cinquante mille francs de charbons véreux qu’il a coûtés à son père, il maudit la richesse, il dit son fait à la fortune, il jette à terre de gros sacs d’écus qui lui arrivent en se prélassant sur des plats d’argent, pour se donner le plaisir de fouler aux pieds le vil métal. […] Son monstrueux magot devrait savoir des pieds de fange visibles à l’œil nu, de façon à inspirer un mépris net et un dégoût prononcé.

718. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Tantôt, chez les scoliastes, elle se traînait humblement aux pieds des écrivains, interprétant un mot, éclaircissant une phrase ; dressant, comme l’Arabe du désert, sa tente de haillons à l’ombre des pyramides. […] C’est au-dessous de ces grands hommes, c’est à leurs pieds qu’il faut se baisser pour trouver au xviie  siècle la critique proprement dite. […] En un mot, du haut de leurs temples sereins, les sages de l’esthétique se préoccupaient eux-mêmes de la grande bataille littéraire dont le bruit commençait à leurs pieds. […] L’Allemagne, au xviiie  siècle, semblait vouée à l’imitation et à la médiocrité : une école de théoriciens se forme au pied des Alpes37, et bientôt la littérature allemande brille de tout son éclat.

719. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Un compliqué et rythmique tracé où se conjuguent étroitement à celles de la jambe et du pied les sinuosités de l’aisselle, du sein et de la hanche. […] Au pied de la montagne à la chevelure frondante… […] Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est. […] Tenir le pied à l’endroit marqué dans le jeu de boules.

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