Montesquieu a dit du héros des deux sortes de précieux : « Fontenelle est autant au-dessus des autres hommes par son cœur, qu’au-dessus des gens de lettres par son esprit. » Cette phrase doit être du même temps que les Lettres persanes, et je ne m’étonne pas que Montesquieu ait pris le précieux pour le vrai dans le moment où il trouvait du cœur à Fontenelle. […] Je n’y vois que le grand style du dix-septième siècle se continuant dans le dix-huitième, le tour noble et tranquille, une phrase abondante et longue qui ne craint pas qu’on la laisse en chemin, une logique pressante sans être précipitée, l’image qui n’est que la plus parfaite justesse de l’expression. […] Si la pompe consiste à n’avoir pas l’air dégagé qu’affectait alors le style, ni cette courte phrase appropriée à la propagation rapide des idées comme à l’attention distraite des esprits, soit ; Buffon est pompeux. […] Ces phrases qui se développent avec une sorte de majesté sévère, semblent représenter le mouvement lent et irrésistible dont la nature accomplit ses créations. […] J’aime jusqu’à cette fin de phrase, quoique traînante : « S’ils ne lui en font point.
Le curieux, c’est que la proclamation avait été rédigée au crayon, à la lueur d’un bout de bougie, et qu’avec la maladresse qu’a Trochu à écrire, il avait débuté par : “Je suis nommé gouverneur de Paris” et que c’était moi qui avais substitué la phrase qu’il lisait à l’Impératrice. […] Je le revoyais, pendant nos tristes séjours d’hiver, à Trouville, à Saint-Gratien, rivé sur une chaise, dont je ne pouvais l’arracher, une main labourant son front, comme s’il lui fallait douloureusement extraire les tours de phrase, les épithètes, les mots spirituels, autrefois coulant si facilement dans le courant de son écriture. […] Au milieu du déjeuner, à propos de l’huile d’une salade, qu’il trouve excellente, il se met à faire un historique imagé des huiles et des miels de la Grèce, qu’il termine, en comparant le miel de l’Hymète « à du sablon jaune entrelardé de bougie. » Les phrases charmantes, qui sortent de sa bouche, ont quelque chose de mécanique ; elles finissent, elles s’arrêtent, tout à coup, comme une phrase, qu’aurait mise Vaucanson dans le creux d’un automate. […] Une phrase sur la reconnaissance par tout le monde de son talent de paysagiste, le fait reparler. […] Une conversation galante, intelligente, spirituelle, avec du suranné, du vieillot dans les idées, et des tours de phrases, vous faisant penser parfois, que vous dînez dans un rêve, avec des morts d’avant 89.
Les Idées volent et sautèlent par les plis du chef-d’œuvre bien hauptmannien, combien que des similitudes déforment les encéphales apédeutes qu’écrase encore Rosmersholm et qui rêvassent de Maeterlinck encore aussi pour quelques phrases brèves de sortie, un enfant emmaillotté de Mélisande, et le prologue ventriloque et grandiose avec les hou-hou lointains du décor dans leur debout de servantes noires lessiveuses de meurtres futurs, plus souvent couchés et fuyant — faisant par contraste plus hérissés les cheveux écouteurs — roux et velus de queues de renards passant sur des plats danois de porcelaine qui luisent ; couchés et fuyants aussi comme les pas de cette vieille par l’escalier de service ou le prurit dans les tympans, après un stupre démonial, des hoquets dans la rue d’un chariot de ferraille. […] [Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais…] Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais, le travesti , défendu par l’Eglise et par l’art. « Il n’existe point de tout jeune homme assez formé pour… » La femme étant l’être jusqu’à la vieillesse imberbe et à la voix aiguë, une femme de vingt ans représente, selon la tradition parisienne, l’enfant de quatorze, avec l’expérience de six ans de plus. […] … quel triste imbécile » — qu’Ubu ne devait pas dire « des mots d’esprit » comme divers ubucules en réclamaient, mais des phrases stupides, avec toute l’autorité du Mufle. D’ailleurs, la foule, qui s’exclame avec un dédain simulé : « Dans tout cela, pas un mot d’esprit », comprend bien moins encore une phrase profonde. […] Quand au « sens analytique dominé far le sens psychologique », cette phrase explique une fois de plus la vogue de M.