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934. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Le phénomène, de soi, n’est pas surprenant. […] Nous aurons deux phénomènes littéraires très curieux : le goût du bas, et le goût du mal, les amateurs de mauvaises mœurs et les amateurs de méchanceté. […] Comme l’homme, engagé dans le monde fatal, dans le tissu matériel et grossier des nécessités, sent qu’il est une chose parmi les choses et dépendant de la monstrueuse poussée des phénomènes qui l’entourent, le pénètrent, le submergent et le noient ; et s’élève pourtant, ou croit s’élever, au moins parfois, à un état fugitif et précaire d’autonomie et de gouvernement de soi-même où il lui semble qu’il respire un moment ; — de même les peuples sont embourbés naturellement dans le despotisme, et quelques-uns seulement, les plus raffinés à la fois et les plus forts, par une combinaison excellente et précieuse de raffinement et de force, peuvent en sortir, et peut-être pour un siècle, une minute dans la durée de l’histoire ; et cette minute vaut tout l’effort, et le récompense et le glorifie ; car ce peuple, un cette minute, a accompli l’humanité.

935. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Scènes de somnambulisme, phénomènes d’hallucination et de seconde vue ; juges fous, bourgmestres assassins, demeures ensorcelées, araignées dévorant des hommes, expériences métaphysiques faites sur l’âme en soumettant le corps aux horreurs de la faim : tout est réuni pour effrayer et confondre la raison du lecteur, ballotté entre la caricature et le crime9 ».

936. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il ne cherche pas les images ; elles s’offrent à lui, elles s’imposent même, puisqu’elles ne sont pour la plupart que les rapports entre les phénomènes de la nature et les travaux des hommes. […] Mais, si Voltaire a fait un mal qui des rangs supérieurs de la société s’est étendu dans les classes moyennes et s’y est aggravé, du moins après les réactions du romantisme, surtout après la réaction des esprits ébranlés par les conséquences de la Révolution, la plaisanterie voltairienne avait perdu de sa virulence, et, aux yeux de l’élite, le phénomène religieux avait recouvré sa grandeur mystérieuse et sa beauté. […] Il ne déclarait pas la guerre à la religion ; il la soumettait à une méthode historique, très contestable, mais très impressionnante, qui la réduisait à n’être qu’un phénomène comme les autres, plus susceptible que beaucoup d’autres interprétation symbolique.

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