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837. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Ollivier, absolument irréprochable… S’il ne fut pas un saint dans le sens rigoureux et glorieux du mot, il fut, au moins, un prêtre exemplaire, au niveau des plus hauts devoirs par le caractère et par les facultés, et tellement le contraire, en tout, de ce qu’on sait, que pour ne pas rester hébété devant ce phénomène il faut revenir au mot fameux de de Maistre : que depuis plus de deux cents ans c’est une conspiration organisée contre la vérité que l’Histoire !

838. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Il tient compte des deux théories qui sont en présence dans l’histoire de l’esthétique : « l’une, qui ne fait consister le beau que dans l’impression que nous en recevons, et qui lui conteste ainsi toute réalité en dehors de l’âme humaine ; l’autre, qui ne saisit, dans le beau, que le principe général et invariable, et néglige, comme indigne d’attention, la partie changeante du phénomène. […] Sans le beau naturel, les facultés esthétiques de l’homme seraient demeurées inactives ; sans le regard admirateur de l’homme, le beau naturel serait resté sans but et comme perdu dans cette nuit de la réalité que n’éclaire point la lumière de la conscience… Dans le phénomène intuitif du beau, c’est l’esprit qui parle à l’esprit, c’est l’idée à l’intérieur, qui saisit l’idée à l’extérieur, c’est l’élément divin en nous qui reconnaît l’élément divin hors de nous ». […] Tout cela me rend compte du phénomène, si phénomène il y a, mais ne me définit pas l’essence du beau. […] Théodore. — Ce sera comme vous voudrez, ma chère devineresse : le beau n’en sera pas moins un phénomène qui n’existera qu’à la condition d’être vu et compris, et la proposition de mon auteur ne reçoit de vos rêveries qu’une nouvelle confirmation. […] JUGEMENT DE GOETHE Tiré du journal l’Art et l’Antiquité La tragédie de Byron, Manfred, me paraît un phénomène merveilleux et m’a vivement touché.

839. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

On peut d’ailleurs donner une confirmation a posteriori de l’objectivité de la science, si par exemple, comme il fait en son Traité du monde, il n’y a pas un phénomène ou une apparence dont on ne fournisse une explication mécanique, géométrique par conséquent, et par suite enfin rationnelle. […] Le talent, qui sait tout ce qu’il fait, qui peut en rendre compte, ne le peut et ne le sait que comme incapable d’étendre son regard au-delà des horizons dès son temps ou des bornes actuelles de son expérience ; mais le génie, lui, c’est vraiment le pouvoir d’anticiper sur l’avenir ; et d’âge en âge, ses créations ne changent pas pour cela, comme on le dit quelquefois, de nature ou de sens, mais il faut les comparer à ces lois dont la formule féconde enveloppe jusqu’aux phénomènes qu’elles n’ont pas prévus. […] Observateur désintéressé du spectacle des choses humaines, les phénomènes de l’histoire, aux yeux de Montesquieu, ne se distingueraient qu’en apparence de ceux de la nature, mais en réalité seraient soumis comme eux à des lois invariables. […] Pourquoi encore nous indignerons-nous contre l’esclavage ou contre l’Inquisition, si les phénomènes historiques et sociaux sont conditionnés eux-mêmes par d’autres phénomènes, sur lesquels nous ne pouvons rien de plus que sur la révolution de la terre autour de son axe, ou sur le refroidissement du soleil ?

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